Dakar, 2 mai (SL-INFO) – Ils étaient 186 à fouler le tarmac de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Diass dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Parmi eux, Moussa Traoré, 21 ans, originaire de Dialacoto, un village situé dans la région de Tambacounda, rapporte L’Observateur.
Le journal souligne que, comme tant d’autres jeunes Sénégalais, Moussa avait emprunté la voie de l’émigration clandestine, dans l’espoir de trouver en Libye un avenir meilleur. Ce rêve s’est malheureusement transformé en cauchemar.
« Je fais partie des 186 Sénégalais rapatriés de Libye », confie-t-il. Après une année passée en Tunisie, il décide de tenter sa chance en Libye. Mais la traversée en mer tourne mal : « Nous avons été appréhendés par les garde-côtes tunisiens. Ces derniers nous ont aussitôt vendus à leurs collègues libyens. »
Il ignore le montant de cette transaction, mais les conséquences sont immédiates. « Une fois entre leurs mains, les Libyens nous ont directement conduits en prison. » Il y découvre des conditions de détention inhumaines : cellules surpeuplées, hygiène absente, dignité bafouée. « Les détenus clandestins s’entassent comme des sardines, dans des conditions très pénibles.»
Le quotidien carcéral est insupportable. « Durant tout le séjour, le prisonnier n’a droit qu’à un seul repas, vers 15 heures », explique-t-il. « C’est généralement une petite quantité de riz blanc ou de sauce macaroni que se partagent 30 personnes. » L’accès à l’eau potable est tout aussi dramatique : « Pour boire, nous devions faire la queue dans des toilettes où l’eau sentait les fosses septiques. On retenait son souffle pour la boire. »
Pendant un mois, Moussa endure privations et violences. « J’ai véritablement frôlé la mort. » Ceux qui protestaient contre les actes de torture subissaient de violentes représailles. La seule issue possible : payer pour recouvrer la liberté. « Pour sortir, chaque prisonnier devait verser une somme exigée par les autorités. » Il parvient à contacter sa famille, qui réunit la somme demandée : « Ma famille a versé aux gardes 325 000 FCFA pour ma liberté. »
Une fois libérés, les détenus sont contraints de remettre leurs papiers, les privant de toute possibilité de circuler librement en Libye. Leur rapatriement est alors organisé, dans des conditions loin d’être idéales. À leur arrivée à Dakar, « nous avons été accueillis par les membres du Bureau d’accueil, d’orientation et de suivi (Bos), ainsi que par ceux de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). »
L’assistance reçue est toutefois dérisoire. « Nous n’avons eu droit qu’à un trousseau contenant un morceau de savon, une brosse à dents, un sandwich, une bouteille d’eau et une bouteille de jus. » Transporté dans la nuit à Dakar, Moussa finit par regagner son village, sans autre soutien. « À part le prix du transport pour rejoindre nos familles, nous n’avons bénéficié d’aucune aide supplémentaire. »
Le cœur lourd, il conclut : « Je retourne au village avec un grand désespoir. Partir en Libye était un moyen d’améliorer les conditions de vie de ma famille. Malheureusement, ce pays n’est qu’un enfer sur terre. »

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