Dakar, 2 mai (SL-INFO) – Dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Aminata Diop, médecin de garde dans un hôpital public de niveau 3, dénonce les défaillances criantes du système de santé sénégalais. Elle relate une nuit dramatique où une patiente de 40 ans, en détresse respiratoire avec un pneumothorax compressif et une acidocétose diabétique, a failli mourir faute de moyens : « Pas d’insuline, pas de sérum salé, pas de matériel de drainage thoracique. Rien. »
Le médecin décrit une situation absurde où, malgré son expertise, elle s’est retrouvée impuissante. « Le fils de la patiente, 18 ans, a dû courir acheter les médicaments. Il avait de l’argent sur son téléphone, mais la pharmacie de l’hôpital n’acceptait pas les paiements électroniques. À 3h du matin, où trouver du cash ? » C’est un caissier de la Brioche Dorée de l’UCAD qui, en avançant l’argent, a permis de sauver la situation, là où l’hôpital a échoué. « Un vendeur de croissants est devenu sauveur de vies », déplore-t-elle.
Dr Diop fustige des conditions de travail inhumaines : seule de 17h à 8h pour gérer 45 patients, dont 4 en réanimation, sans médicaments, sans logistique, sans soutien. « Nous ne sommes plus des médecins, mais des logisticiens, des comptables, parfois des mendiants », écrit-elle. Elle dénonce un système où les hôpitaux, devenus des « mouroirs », trahissent leur mission, un constat partagé par le ministre lui-même.
Ce cri du cœur est un appel urgent à recruter des médecins, équiper les urgences en médicaments de base et faire de la santé une priorité nationale. « La santé n’a pas de prix, mais son absence coûte des vies », conclut-elle.