Dakar, 16 mai (SL-INFO) – L’achat de cinq avions L410-NG par l’Etat du Sénégal pour Air Sénégal a suscité des interrogations et des critiques, notamment sur les conditions de leur acquisition et leur immobilisation actuelle. Dans son édition de ce vendredi, le journal Kritik apporte des éclaircissements sur cette affaire. Selon le canard, cette opération s’inscrit dans une « stratégie nationale de redressement » de la compagnie aérienne, alors en proie à des pertes abyssales.  

En 2022, Air Sénégal enregistrait « plus de 6 milliards FCFA de pertes mensuelles », malgré un taux de remplissage dépassant 70 %. Les lignes internationales (New York, Barcelone, Marseille, Milan) représentaient à elles seules 2 milliards FCFA de déficit par mois, tandis que le réseau domestique (notamment Cap Skirring) accusait 150 millions FCFA de pertes mensuelle, rappelle le journal.  

Face à cette « hémorragie financière », l’État a opté pour une solution pragmatique : l’achat de huit aéronefs L410-NG en deux phases (5 + 3), afin de « réduire les coûts d’exploitation et rendre le transport aérien plus accessible ».  

« Ces appareils, bien moins coûteux à exploiter que les ATR72-600 utilisés jusqu’alors, devaient permettre une réduction significative des tarifs pour les passagers. Avec un coût horaire de seulement 1 000 USD (environ 580 000 FCFA), contre 6 000 USD (3,5 millions FCFA) pour les ATR, leur adoption aurait dû rendre le transport aérien plus accessible, notamment sur les lignes intérieures où les prix devaient baisser de 65 000 à 40 000 FCFA », renseigne la même source.  

Qui souligne que : « contrairement aux accusations d’opacité, le processus d’acquisition a été mené de manière rigoureuse et transparente ». En effet, plusieurs délégations comprenant des représentants de l’ANACIM, d’Air Sénégal, de l’Armée de l’air et des ministères concernés se sont rendues à Prague entre août 2023 et février 2024 pour superviser les négociations, inspecter les appareils et valider les modalités techniques.

A en croire le quotidien d’information, le financement, assuré par un crédit export tchèque étalé sur 12 ans, a été structuré pour éviter d’alourdir la dette de la compagnie, qui n’a engagé aucun fonds propre dans cette opération.  

Cependant, précise le journal, « l’immobilisation actuelle de deux appareils livrés n’est pas due à un vice de conception ou à un mauvais choix stratégique, mais plutôt à des lacunes dans leur mise en service. Bien que le constructeur tchèque OMNIPOL ait proposé plusieurs sessions de formation entre mars et décembre 2024, aucun pilote, mécanicien ou ingénieur sénégalais n’a été envoyé à Prague pour se former, bloquant ainsi l’exploitation de ces avions. Ce retard est d’autant plus regrettable que le L410-NG est un appareil fiable, recommandé par l’OACI pour les pays aux infrastructures aéroportuaires modestes et déjà utilisé avec succès dans plusieurs pays africains, dont l’Algérie, le Niger et la RDC », confie une source du quotidien.  

Qui de conclure en se posant plusieurs questions : « Au-delà des polémiques, cette situation pose une question fondamentale : quelle vision a-t-on pour Air Sénégal ? Faut-il en faire une compagnie prestigieuse mais déficitaire, réservée à une clientèle aisée, ou un outil de désenclavement et d’intégration nationale, accessible au plus grand nombre ? ». 

Les L410-NG représentent une opportunité réelle pour concilier performance économique et service public. Leur pleine exploitation nécessite toutefois une meilleure coordination entre les différents acteurs, ainsi qu’une gestion plus proactive des ressources humaines et techniques. 

By

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *