Dakar, 28 mai (SL-INFO) – Le jeudi 29 mai, marquant quarante jours après Pâques, les Catholiques célèbrent l’Ascension du Christ. Cette fête, profondément enracinée dans la tradition chrétienne, symbolise l’élévation du Christ au ciel. Cependant, derrière cette apparence évidente se cachent une histoire complexe et des débats théologiques qui ont façonné le christianisme moderne.
À l’origine, l’Église primitive, durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, célébrait conjointement l’Ascension du Christ et la Pentecôte le cinquantième jour après Pâques. Cette double célébration reflétait une compréhension théologique unifiée du mystère pascal. Eusèbe de Césarée rapporte cette pratique en évoquant « la très grande fête de la très vénérable Pentecôte », soulignant ainsi l’unité de l’Ascension et de la Pentecôte.
Cependant, vers l’an 300, cette harmonie est troublée par l’émergence d’une célébration spécifique du quarantième jour après Pâques. Ce jour, marqué par des pratiques austères, pose des défis théologiques en rompant la joie typique de la période pascale. Le concile d’Elvire doit intervenir pour réaffirmer la célébration de la Pentecôte au cinquantième jour, craignant que l’ascendant de cette nouvelle tradition ne compromette la liturgie traditionnelle.
Face à cette confusion, une redécouverte des Écritures apporte une clarification nécessaire. Les Actes des Apôtres relatent une chronologie précise : le Christ apparaît quarante jours après sa résurrection avant de s’élever au ciel, suivi de la Pentecôte au cinquantième jour. Inspirés par cette relecture, les Pères de l’Église redéfinissent progressivement la célébration de l’Ascension, dissociant ainsi cette fête de la Pentecôte mais en veillant à sa cohérence théologique et spirituelle.
Cette évolution trouve également un écho moderne. Pourtant, la fête de l’Ascension, telle qu’elle est vécue aujourd’hui, révèle une nouvelle perspective spirituelle. Aux yeux des premiers chrétiens, cette montée ne représente pas un simple départ, mais l’inauguration d’une présence nouvelle et universelle. Au Sénégal, par exemple, les célébrations du jour de l’Ascension coïncident souvent avec les Premières Communions, témoignant d’une interprétation continue de l’élevation spirituelle et sacramentelle du Christ, comme rapporté par nos confrères de Sud Quotidien.
Jean Cassien, l’un des théoriciens de cette restructuration, souligne l’importance de ne pas limiter le temps pascal à quarante jours mais de le prolonger jusqu’à la Pentecôte. L’Ascension devient ainsi une étape intégrante de célébration pascale, anticipant la venue de l’Esprit Saint.
La réforme liturgique de l’Ascension du quarantième jour résulte d’un processus séculaire, illustrant comment l’Église a continuellement évolué pour exprimer la richesse de sa foi. De nos jours, en célébrant l’Ascension le 29 mai, les chrétiens perpétuent non seulement une tradition mais actualisent aussi une conquête spirituelle historique, racine de l’unité et de la continuité de leur foi.