Dakar, 26 juin (SL-INFO) – À Marseille, le 4 août 2021, Souheil El Khalfaoui, un jeune homme de 19 ans, a tragiquement perdu la vie. Ce dernier a été abattu par un policier d’une balle en plein cœur lors d’un contrôle routier dans le quartier de la Belle-de-Mai. Le tir a été justifié initialement par la légitime défense, bien qu’il ait été effectué à moins d’un mètre de la victime, un fait qui suscite encore la colère de sa famille qui poursuit son combat pour obtenir la vérité.
La loi française, notamment l’article L435-1 du Code de la sécurité intérieure adopté en 2017, est au cœur de la polémique. Cette législation est critiquée par la gauche française pour faciliter l’usage létal de la force en cas de refus d’obtempérer. Mathilde Panot, présidente du groupe La France Insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, a affirmé que « LFI est très favorable à l’abrogation de la loi ‘permis de tuer’ ». Ce point de vue est partagé par d’autres groupes comme celui des écologistes et le groupe GDR, qui se sont toujours opposés à cette législation. Le Parti socialiste, pour sa part, n’a pas de position officielle, mais Mathieu Hanotin a exprimé son opinion personnelle sur la nécessité d’évoluer cette loi.
Les dysfonctionnements dans l’enquête sur le décès de Souheil ont été au centre de l’attention lors d’une conférence de presse. L’avocat de la famille, Arié Alimi, a révélé que plusieurs scellés essentiels, dont des vidéos de surveillance et la balle fatale, ont disparu. Ces éléments avaient été placés sous scellés par la défense avant leur disparition. De plus, aucune reconstitution n’a été effectuée, et beaucoup de témoins n’ont pas été entendus. En août 2024, soit trois ans après les faits, le policier impliqué a été auditionné par le juge pour la première fois. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, affirme que l’Inspection générale de la justice enquêtera pour faire la lumière sur ces manquements.
La douleur de la famille El Khalfaoui et ses proches reste intense et a été palpable tout au long de la conférence. Le père de Souheil, Issam El Khalfaoui, a critiqué ce qu’il désigne comme « un système d’aveuglement volontaire ». Il milite désormais aux côtés d’avocats pour une loi encadrant plus strictement l’usage de la force. Leurs appels à l’abrogation de l’article L435-1 résonnent avec ceux d’organisations comme la Ligue des droits de l’homme. Nathalie Tehio, présidente de la LDH, a déclaré que « la légitime défense suffit » et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un texte de loi spécifique pour les forces de l’ordre.
En tout, depuis l’instauration de l’article L435-1, au moins 35 décès lors de refus d’obtempérer ont été signalés, un chiffre préoccupant pour les défenseurs des droits de l’homme. Selon Fabien Jobard du CNRS, la « confusion » créée par cette législation sur l’usage de la force est considérable. Pour de nombreux élus et chercheurs, l’affaire de Souheil est symptomatique d’un cadre juridique qu’ils appellent à réformer, voire abolir, mettant en avant une impunité légale préoccupante.