Bakel, 28 juin (SL-INFO) – Dans le département de Bakel, la précarité des victimes des inondations de l’année dernière persiste. L’approche de la saison des pluies, annoncée comme abondante, accroît l’incertitude et la vulnérabilité des populations, les promesses d’aide de l’État n’ayant pas été tenues. Les autorités locales et les habitants lancent un appel pressant à l’État.

Les localités de Ballou, Aroundou, Yafera et d’autres villages du département de Bakel portent encore les stigmates des inondations de l’année passée, consécutives à la crue du fleuve Sénégal. Plus de dix mois après, la menace d’inondations plane toujours. Maisons endommagées, bâtiments abandonnés, les habitants restent traumatisés par la perspective d’un retour des eaux. L’aide de l’État, jugée insuffisante à l’époque, avait été complétée par des initiatives citoyennes locales. Les promesses de reconstruction sont restées lettre morte.

Le maire de Ballou, Cheikhna Camara, déplore l’absence de mesures concrètes pour soulager les victimes. « Il y a certaines personnes qui vivent toujours dans des tentes », souligne-t-il, précisant que les populations sont relogées dans des conditions précaires. Il ajoute : « Les populations sont fatiguées et très inquiètes avec les pluies qui ont repris. Dans la nuit de ce mercredi à jeudi, il est enregistré 21 mm de pluies dans la commune. Ce qui fait que les populations sont effrayées. » Il a rappelé ces urgences lors du récent Comité interterritorial régional de développement à Tambacounda, en présence du ministre de l’Intérieur, soulignant les promesses non tenues de l’État et la situation des personnes impactées.

À Aroundou, la situation est similaire. Mamadou Bathily décrit les difficultés des populations : « Seuls les plus nantis sont parvenus à reconstruire leurs maisons. La plupart sont encore dans des tentes, faute de moyens et d’appui. L’Etat avait promis de les accompagner à se reloger. Que nenni ! » L’annonce d’un hivernage pluvieux accentue l’inquiétude. « Déjà, les premières gouttes ont commencé à tomber depuis quelque temps. Si l’Etat traîne encore les pieds jusqu’à ce qu’il y ait de nouveaux lâchers, ce sera vraiment la catastrophe », alerte-t-il. Les marques de la crue exceptionnelle sont omniprésentes, dans les bâtiments et dans l’esprit des villageois.

Selon M. Bathily, de telles inondations sont inédites dans la région. « Voir l’eau monter jusque dans les maisons situées à plus de 2 km du village, c’est du jamais-vu. » Il appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour éviter un scénario similaire à celui de l’année dernière, suggérant des discussions sur la gestion des lâchers d’eau du barrage de Manantali, voire la construction de nouvelles digues ou l’agrandissement de l’existant.

Le président du Conseil départemental de Bakel, Mapaté Sy, partage les mêmes préoccupations. « C’est une peur bleue qui nous habite toujours. Surtout avec la météo qui annonce une année pluvieuse. Nous gardons intacts les tristes souvenirs des inondations de l’année dernière. » Il rappelle les conséquences désastreuses des inondations : des centaines d’hectares engloutis, des maisons effondrées, des familles sans toit. Il souligne que si l’État a réagi rapidement en fournissant de l’aide alimentaire et des produits d’entretien après la catastrophe, l’urgence actuelle est de prévenir de nouvelles inondations. « Figurez-vous que les producteurs des zones impactées n’ont rien récolté l’année dernière. C’est dur. L’Etat doit réaliser des digues de protection et surtout mettre en œuvre le projet de réalisation des mares », insiste-t-il. Les chefs de village ont récemment adressé une lettre au ministre de l’Hydraulique pour demander la construction de mares afin de gérer le trop-plein d’eau du fleuve. « Ce qui est clair, renchérit Mapaté Sy, c’est que les populations sont fatiguées dans les zones touchées par les inondations de l’année dernière. »

Aujourd’hui, le fleuve Sénégal coule paisiblement, mais le risque d’inondation reste réel, notamment lors des lâchers d’eau consécutifs à de fortes pluies. Nous suivons de près l’évolution de la situation et nous vous tiendrons informés des développements.

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