Touba, 12 sept (SL-INFO) – Elle a souffert de malnutrition. Son fils aussi. Son corps porte les stigmates d’une longue lutte pour se nourrir et pour alimenter son enfant, mais ses yeux gardent une assurance calme et la volonté de s’en sortir pour son fils. Autour de la table, dans la salle de réunion du centre de santé de Serigne Mbacké Madina du district sanitaire de Touba, Soda Ndiaye, mère de 8 enfants, a raconté son histoire aux journalistes.
« Pendant ma grossesse déjà, je n’arrivais pas à bien me nourrir. J’ai toujours été fragile et aujourd’hui encore, avec mes moyens limités, je ne peux pas suivre à la lettre les conseils des médecins pour l’alimentation de mon fils », confie-t-elle, les mains serrant son enfant assis sur ses genoux, âgé d’un an et quatre mois.
Elle se souvient de cette période où le petit pleurait sans cesse. Persuadée qu’il souffrait surtout de la chaleur, elle lui donnait de l’eau. Mais son corps s’amincissait de jour en jour. C’est finalement à l’hôpital que le diagnostic est tombé : le petit était victime de malnutrition. Aujourd’hui, il bénéficie désormais d’un suivi médical régulier.
Leur histoire est semblable à celle de nombreux habitants de Touba. L’infirmière en service de santé publique (SSP), Yacine Fall, confirme que la prévalence de cette pathologie est plus sévère au niveau du district de Touba. « Elle évolue en dent de scie. En 2021, le taux était à 6,11 %. En 2022, il a un peu régressé à 3,81 %. En 2023, il a été à 5,86 %. Mais en 2024, il y a eu une certaine régression à 3,17 %. Toutefois, par rapport à ces résultats, il faut rester très prudent, car le système de santé a connu une certaine rétention des données de la part de nos partenaires syndicaux. Ce qui fait que parfois, le fait qu’on n’ait pas l’ensemble des données peut, peut-être, faire baisser la prévalence », précise-t-elle.
Selon elle, il existe des réalités culturelles qui font qu’on dit que le garçon ne doit pas téter au-delà d’un an et demi. « Ce qui n’est pas justifié scientifiquement. Que ce soit le garçon ou la fille, ils doivent être allaités jusqu’au moins pendant 24 mois. Si l’enfant est sevré brutalement et qu’il doit manger les aliments des adultes, il y a souvent des problèmes. Il peut refuser de s’alimenter et c’est ce qui peut le faire tomber dans la malnutrition », enseigne-t-elle. Avant d’ajouter : « La pauvreté fait aussi que, même si la femme est très bien informée sur la façon d’alimenter son enfant, si elle n’a pas les moyens, ce dernier ne sera pas bien nourri. »
Au-delà des déterminants, Yacine Fall a présenté les stratégies mises en place au niveau du district pour lutter contre cette maladie dans le district de Touba, qui compte plus d’un million d’habitants et 41 structures de santé (9 centres de santé et 32 postes de santé). Elle indique qu’au niveau des centres de santé, les centres de rééducation nutritionnelle (CREN) et, dans les postes de santé, il y a les unités de rééducation nutritionnelle (UREN) de prise en charge et de rééducation.
« Au niveau communautaire aussi, nous avons ce qu’on appelle les sites communautaires, avec l’appui de nos partenaires. Même dans les cases de santé, nous avons mis en place des acteurs communautaires qui font le dépistage de la malnutrition systématiquement chez tous les enfants et la supplémentation en vitamine A », avance-t-elle.
Toutefois, insiste Yacine Fall, « on n’aimerait pas arriver à la malnutrition aiguë ou à la malnutrition aiguë sévère qui va jusqu’à la complication ».