Dakar, 16 Oct (SL-INFO) – Au Sénégal, il devient plus risqué de lire que de régner. Le livre “L’Afrique au Cœur” de l’ancien président Macky Sall se vend à la FNAC, mais pas à Dakar. Un symbole fort d’un pays où la liberté de penser semble désormais réservée aux autres. Et si l’on disait enfin les choses : l’ignorance, quand elle se déguise en revanche politique, finit toujours par appauvrir la nation tout entière.

Le silence des rayons, ou la censure qui ne dit pas son nom

Dans un pays qui se veut “nouveau”, comment comprendre que le livre d’un ancien chef d’État — publié chez un grand éditeur international — soit introuvable dans nos librairies ?
Ni rupture de stock, ni erreur logistique : non, L’Afrique au Cœur aurait tout simplement été “écarté” des étagères. Une main invisible, mais bien réelle, aurait décidé qu’un livre de Macky Sall ne mérite pas d’être lu par les Sénégalais.
Le reste du monde, lui, le lit. En Côte d’Ivoire, au Canada, en France, le livre cartonne. Ironie du sort : c’est à Paris que l’on médite aujourd’hui sur “l’Afrique au cœur”, pendant qu’à Dakar, on cultive le vide des rayons.

“Celui qui éteint la lampe de son voisin s’éclaire avec l’obscurité.”

Quand la haine se prend pour de la vertu

Il ne s’agit pas ici d’aimer ou de détester Macky Sall. Il s’agit de défendre le droit de lire, d’apprendre, de débattre. Ce n’est pas le livre d’un homme que l’on bannit, c’est la mémoire collective que l’on mutile.
L’intolérance intellectuelle est le début de la dictature morale.
L’histoire africaine nous enseigne qu’aucune nation ne s’est relevée par la vengeance, mais bien par la connaissance.
Or, en privant les étudiants, les chercheurs, les citoyens de ce livre , qu’ils l’approuvent ou non ,  on les prive d’une source primaire, d’un témoignage historique, d’un chapitre de mémoire politique.
Chaque page de ce livre est une leçon, chaque chapitre une thèse. Et aujourd’hui, ce sont les universités étrangères qui en profitent, pendant que nos campus restent à l’ombre du ressentiment.

“Celui qui cache le savoir prépare la famine de l’esprit”

Ce scandale silencieux en dit long sur notre époque.
Hier, le Sénégal était cité en exemple pour la vitalité de son débat public, la qualité de ses intellectuels, la tolérance de ses bibliothèques.
Aujourd’hui, il devient un pays où la lecture se politise, où la mémoire se fragmente, et où l’intelligence devient suspecte.
Cacher un livre, c’est confisquer le débat. C’est faire de la peur un programme culturel. Et c’est, au fond, trahir cette Afrique que Macky Sall dit vouloir mettre “au cœur” du monde : une Afrique qui pense, qui ose, et qui dialogue.

Un appel à la dignité intellectuelle

Le vrai courage, ce n’est pas de brûler les livres de ses adversaires, c’est de les lire.
Ce n’est pas de taire une voix, c’est d’y répondre avec des arguments.
Les nations qui se développent sont celles qui savent transformer les idées adverses en matière à réflexion, non en prétexte à interdiction.

“Quand il n’y a plus de palabres, c’est que les sages se sont tus.”

Le Sénégal doit rester ce pays où l’on pense plus qu’on ne punit, où les librairies sont plus fréquentées que les tribunaux.
Car un peuple qui ferme ses rayons finit toujours par rouvrir ses prisons.

Conclusion : l’Afrique qui lit sera celle qui s’élève

L’affaire du livre L’Afrique au Cœur dépasse Macky Sall. Elle touche à notre rapport au savoir, à la tolérance et à la mémoire.
Laissons nos étudiants, nos chercheurs, nos lecteurs juger par eux-mêmes.
L’Afrique que nous voulons bâtir ne peut pas craindre les livres   elle doit les écrire, les lire et les discuter.
Car au bout du compte, le vrai pouvoir n’est pas celui qui gouverne, mais celui qui éclaire.  

  Baba Aidara Journaliste d’Investigation 

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