Dakar, 18 Oct (SL-INFO) – Les compagnies aériennes mondiales pourraient perdre plus de 11 milliards de dollars en 2025 à cause des perturbations persistantes dans la chaîne d’approvisionnement de l’industrie aérospatiale. C’est ce que révèle une étude conjointe publiée par l’Association du transport aérien international (IATA) et le cabinet de conseil Oliver Wyman, intitulée Reviving the Commercial Aircraft Supply Chain.
 
Selon le rapport, les difficultés d’approvisionnement ralentissent la production de nouveaux aéronefs et de pièces de rechange, obligeant les compagnies à prolonger la durée d’exploitation de leurs appareils les plus anciens. En 2024, les arriérés de commandes ont atteint un niveau record de 17 000 avions, contre une moyenne annuelle de 13 000 entre 2010 et 2019. Cette lenteur a des conséquences directes sur les coûts d’exploitation.
 
L’étude identifie quatre principales sources de pertes. D’abord, les coûts excédentaires de carburant, estimés à 4,2 milliards de dollars, résultent de l’utilisation d’avions plus vieux et moins économes en énergie. Ensuite, les coûts de maintenance représentent 3,1 milliards de dollars, car les appareils vieillissants exigent davantage d’interventions. Par ailleurs, la location des moteurs, dont les tarifs ont augmenté de 20 à 30 % depuis 2019, alourdit la facture de 2,6 milliards de dollars, tandis que les coûts liés au stockage des pièces de rechange atteignent 1,4 milliard de dollars.
 
Ces contraintes logistiques affectent également la capacité du transport aérien à répondre à la demande croissante. En 2024, le trafic passagers mondial a progressé de 10,4 %, contre une expansion de la capacité limitée à 8,7 %, ce qui a porté le taux d’occupation à un record de 83,5 %. « Les compagnies aériennes ont besoin d’une chaîne d’approvisionnement fiable pour exploiter et agrandir leurs flottes efficacement », souligne Willie Walsh, directeur général de l’IATA. « Nous sommes aux prises avec des temps d’attente sans précédent pour les aéronefs, les moteurs et les pièces. Ces problèmes combinés ont fait grimper les coûts d’au moins 11 milliards de dollars cette année et limité la capacité des compagnies de répondre à la demande. »
 
Pour atténuer ces tensions, l’IATA préconise plusieurs actions, notamment l’ouverture du marché de l’après-vente afin de réduire la dépendance aux modèles commerciaux des fabricants d’équipements d’origine (OEM). Elle recommande également une meilleure visibilité de la chaîne d’approvisionnement, grâce à des données partagées permettant d’identifier les risques et d’anticiper les blocages. L’association appelle aussi à renforcer les capacités de réparation et de production de pièces, tout en misant sur la maintenance prédictive et l’usage de matériaux d’occasion certifiés.
 
Le rapport pointe enfin la nécessité d’une collaboration accrue entre constructeurs, fournisseurs, bailleurs et compagnies aériennes. « La flotte d’aéronefs est plus grande aujourd’hui, plus avancée et plus efficace que jamais », observe Matthew Poitras, partenaire chez Oliver Wyman. « Toutefois, les problèmes de chaîne d’approvisionnement ont des conséquences pour tous les acteurs. Nous voyons une occasion de catalyser l’amélioration de la performance, mais cela nécessitera des efforts collectifs fondés sur la transparence et le partage des talents. »
 
L’IATA estime que seule une approche stratégique et coordonnée permettra de résorber le déséquilibre entre l’offre et la demande dans l’aérospatiale mondiale, un défi devenu central pour la stabilité du transport aérien international.

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