Dakar, 20 Oct (SL-INFO) –  Enseigner, acte noble par excellence, est un métier longtemps embrassé par pure vocation. Pourtant, entre la précarité des conditions, la surcharge de travail et le manque de considération, cette flamme résiste difficilement. Une enquête menée à travers trois parcours offre un regard sur ce que signifie « enseigner en 2025 » au Sénégal, un métier qui, malgré les réformes salariales, peine à retrouver son attrait d’antan.

La passion inaltérable de la transmission

Pour Madame Fall, enseignante depuis trois décennies, la passion est intacte. Elle confie aborder son métier avec la même rigueur et la même tendresse qu’au premier jour. « Ce métier m’a construite. Il m’a appris à écouter, à guider, à me dépasser. Chaque élève est une histoire, chaque année une leçon », confie-t-elle.

Mme Fall affirme que la vocation existe toujours chez les jeunes, mais elle doit être « accompagnée ». Elle lance un avertissement : « Il faut du respect, du soutien, des moyens. Si tu vis dans la précarité, tu finis par te rendre à l’école le cœur lourd, et ça se ressent dans ton travail. »

Le choix difficile de la reconversion

Une situation vécue par Moussa Tine. Après cinq ans d’enseignement dans une école rurale, il a quitté l’Éducation nationale pour se reconvertir dans le secteur privé. « J’ai adoré enseigner. Mais j’étais seul, débordé, mal payé. J’ai tenu jusqu’à ce que je tombe malade. Par la suite, j’ai compris que je devais partir », confie-t-il.

Bien qu’il se plaise dans son nouveau métier, il déplore le sort du corps enseignant : « Ce n’est pas la vocation qui manque. C’est l’environnement qui étouffe. Les enseignants devraient être les mieux payés. Nous avons formé toutes les grandes personnalités de ce monde. »

Une mission et un héritage affectif

Pour Mme Sy, enseignante depuis dix ans dans un village reculé, le métier est un « héritage affectif » inspiré par son père. Elle insiste sur le fait qu’enseigner demande patience, passion et surtout amour pour les enfants.

Elle se réjouit de l’évolution des relations avec les élèves : « Aujourd’hui, les apprenants viennent vers nous avec confiance et cette proximité nous permet de mieux comprendre les élèves. »

Toutefois, elle reste lucide sur la fragilité de la reconnaissance : « Tant que l’enseignant obtient de bons résultats, il est valorisé. Il suffit pourtant d’un faux pas, d’un moment de faiblesse, pour qu’il soit marginalisé, oublié, parfois même humilié. »

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