Dakar, 12 nov (SL-INFO) – L’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), le Professeur Ibrahima Thioub, a lancé un appel vibrant et sévère à la classe politique ouest-africaine, avec le Sénégal en tête, pour cesser les querelles intestines et se concentrer sur l’urgence de la situation au Mali.

Le Professeur Thioub alerte sur le danger existentiel que représente l’avancée du groupe djihadiste JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) et met en garde contre l’aveuglement politique.

Le Pr. Thioub utilise une analogie historique pour dénoncer les querelles politiques actuelles, qu’il s’agisse des débats de « Méga, Niakhtou ou Téra politique » : « Si les leçons du passé servent à quelque chose, on devrait se souvenir qu’au moment où le Waalo sombrait en 1854 devant les troupes coloniales, les élites du Kajoor et du Bawol continuaient de se chamailler pour savoir qui sera Farba ceci ou Farba cela.»

Il prévient que si le JNIM prend le pouvoir, ces débats deviendront sans objet. L’effondrement du Mali de Soundiata emporterait avec lui la Sénégambie de Njaajaan Njaay et d’Alburi Njaay.

L’universitaire souligne la gravité du péril malien, affirmant que « l’ouragan souffle à la porte de notre case ». Il alerte sur le fait que la JNIM est « en passe de couper Bamako du monde ».

Pour le Pr. Thioub, la question n’est plus de choisir ses alliés, mais d’agir face à l’urgence : « Quand la case de Birama brûle, celui-ci n’a pas d’autre alternative que d’accepter l’offre de secours des voisins même si on s’était fâché dans une autre vie. »

Il estime que si la France de Macron n’interviendra pas comme jadis, l’AES (Alliance des États du Sahel) n’a pas non plus la solution.

L’institution régionale, la CEDEAO, doit agir vite, « en oubliant sans ressentiment la conduite des colonels aujourd’hui enfermés dans leur propre piège. »

Le Professeur Thioub met en garde contre l’erreur de considérer le problème malien uniquement sous un angle territorial ou militaire : « La plus grosse erreur sera une approche du problème avec des yeux westphaliens et peut-être pire post congrès de Berlin. »

Selon lui, il ne s’agit pas de sauver le Mali, mais bien de s’occuper du « destin collectif de toute une région ». La solution doit être large, mobilisant au-delà des États-majors, car la question « n’est pas exclusivement militaire ».

Il conclut par un avertissement historique : « Si nous perdons du temps dans nos chamailleries traditionnelles, nous le paierons plus cher que Samba Lawbe à Tivaouane en 1886 et Alburi Njaay à Dosso en 1901 ! »

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