Dakar, 12 nov (SL-INFO) – Au Gabon, La cour d’appel de Libreville a condamné, mercredi 12 novembre, à 20 ans de prison Sylvia et Noureddin Bongo, épouse et fils du président déchu Ali Bongo, en leur absence et celle de leurs avocats, notamment pour détournement de fonds publics. Une peine qui correspond aux réquisitions du parquet qui avait demandé 20 ans de prison et 100 millions de francs CFA d’amende contre Sylvia Bongo Valentin et son fils Noureddin. Ils étaient principalement poursuivis pour des délits économiques et jugés par contumace. L’ex-première dame et son fils sont en exil à Londres et ont décidé de boycotter ce procès qu’ils jugent politique. Pour Eddy Minang, procureur général près la cour d’appel de Libreville, ce jugement viendra réparer un « braquage de la République ». ans la capitale du Gabon, le président de la cour criminelle spécialisée, Jean Mexant Essa Assoumou a déclaré Sylvia Bongo coupable de « recel et de détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux, usurpation de fonds et d’instigation au faux », et Noureddin Bongo de « détournement de deniers publics, de concussion, d’usurpation des titres et de fonction, de blanchiment aggravé de capitaux et d’association de malfaiteurs », selon l’AFP.

Tous deux ont été condamnés par contumace à « 20 ans de réclusion criminelle et 100 millions de francs CFA d’amende (environ 152.000 euros) ». Au titre du préjudice financier subi par l’État gabonais constitué partie civile, la justice a également condamné Noureddin Bongo à payer plus de 1 201 milliards de francs CFA (1,8 milliard d’euros). Ils sont également condamnés à payer 1 000 milliards de francs CFA à l’État gabonais au titre de préjudice moral. Arrêtés après le coup d’État du 30 août 2023, ils ont été emprisonnés pendant 20 mois au Gabon avant d’être autorisés à quitter le pays dans le cadre d’une liberté provisoire et sont aujourd’hui en exil à Londres.

Dix anciens proches collaborateurs des Bongo, pour la plupart, eux aussi, arrêtés lors du coup d’État de 2023, comparaissent encore jusqu’au 14 novembre. Ils sont accusés notamment de complicité de détournement de fonds publics, corruption active, concussion, faux et usage de faux, association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux.

Un système de captation de l’argent public
Les témoignages des coaccusés et de certains témoins au cours des deux jours de procès ont révélé un système de captation de l’argent public « au profit d’intérêts privés », selon le réquisitoire du procureur général Eddy Minang. Vingt ans de prison, c’est aussi ce que réclamait le parquet à leur encontre. En plus de l’amende de 100 millions de francs CFA, le procureur avait également requis la confiscation au profit de l’État de tous leurs avoirs : comptes bancaires, hôtels particuliers, actifs pétroliers et miniers et plus d’une cinquantaine d’entreprises.

Dans son réquisitoire, Eddy Minang, le procureur général près la cour d’appel de Libreville, a ciblé « un duo mère-fils qui a travesti le pouvoir présidentiel » après l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo en 2018. Un duo « culturellement éloigné du pays, mais pécuniairement très proche », a-t-il tonné, avant de détailler toute une liste de malversations alléguées.

  Sylvia Bongo aurait ainsi selon lui reçu du Trésor 16 milliards de francs CFA pour ses « besoins personnels », plus de 24 millions d’euros. Le procureur a également partagé des images des jets privés acquis, selon lui, par de l’argent blanchi ; listé des propriétés foncières dont leur hôtel particulier londonien ou leur palais de Marrakech. Selon lui, Sylvia et Noureddin Bongo Valentin « ont régné sans partage, et tentent de se faire passer comme des victimes du système qu’ils ont façonné ». Il a nié toute violation des droits de la défense, toute violence physique et défendu la procédure, y compris la visite de certains magistrats à la résidence des Bongo pour négocier leur exil contre leur silence en mai dernier.   

Des accusations niées par les accusés
Auparavant, tour à tour dans leurs plaidoiries, les avocats de la partie civile, à savoir l’État gabonais, avaient déjà longuement agoni de reproches l’ancienne première dame et son fils, brossant le tableau d’un vaste système de détournement de fonds publics à des fins privées « ils étaient propriétaires de la terre, de l’air, du sous-sol », a plaidé l’un d’entre eux.

Plus tôt, la cour a entendu deux autres accusés comme témoins : l’ancien assistant personnel de Sylvia Bongo, le Coréen Kim Oum, a évoqué les achats de bijoux, de robes, d’œuvres d’art pour trois à quatre millions de dollars annuels. Il explique également avoir pu décaisser de l’argent de la présidence pour l’achat de cent véhicules pour la campagne présidentielle de 2023 – budget de la campagne : 80 milliards de francs CFA, près de 122 millions d’euros –, alors qu’il n’avait pas de fonction officielle. « Toutes les décisions finales relevaient de Noureddin Bongo », a-t-il assuré, alors qu’un système parallèle de transferts financiers aurait été mis en place avec remise de liquide par la trésorerie et envoyé sur des comptes à Dubaï. 

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