Dakar, 08 déc (SL-INFO) – Les avocats du Premier ministre Ousmane Sonko, ainsi que des représentants des victimes et des familles de martyrs, ont pris la parole ce dimanche devant une salle remplie d’émotion et de gravité, dans le cadre de la commémoration de la journée dédiée aux victimes des événements survenus au Sénégal entre 2021 et 2024. La défense a interpellé les officiels et appelé solennellement à « la justice et à la vérité », dénonçant une période marquée, selon elle, par la violence d’État et des mensonges institutionnalisés. « Au nom de la défense, je prends la voix de tous ceux qui luttent pour un idéal, l’idéal de justice », a déclaré Me Ciré Clédor Ly, représentant des victimes.

Le devoir de mémoire contre la violence d’État

Revenant sur les événements qui ont endeuillé des familles à travers le pays, l’avocat a insisté sur le devoir de mémoire. « Le Sénégal a vécu une période de violence et de mensonges d’État qui ne doit jamais s’effacer de la mémoire des hommes. Cette période est inscrite à l’encre indélébile dans les pages de notre histoire. Souvenez-vous. N’oubliez jamais » invite la robe noire.

Me Ly a rendu hommage au courage de ceux qui ont résisté : « La violence d’État s’est abattue sur un peuple combatif. Ce peuple a vu ses enfants braver la prison, la torture et la mort pour répondre à l’appel d’un homme, dressé contre la corruption, l’injustice, l’enrichissement illicite et l’arrogance du pouvoir ».

Un droit inaliénable à la Justice

Le cœur de l’intervention a porté sur le droit inaliénable des victimes et des survivants à la justice. « Autant que les martyrs, ceux qui ont survécu ont un droit imprescriptible et non négociable : le droit à la traque des auteurs, des complices et des commanditaires de ces crimes ».

L’avocat a dressé une liste d’exactions présumées : arrestations arbitraires, détentions injustes, violences physiques, traitements inhumains et dégradants, et exécutions extrajudiciaires. Il les qualifie d’actes systématiques, organisés et exécutés dans le cadre d’une politique d’État. Il a même élargi le champ de la responsabilité en estimant que toute personne ou entité étrangère ayant apporté une aide directe ou indirecte à ces actes devra également répondre devant un tribunal spécial sénégalais.

Pour rendre possible cette quête de justice, Me Ciré Clédor Ly a formulé plusieurs exigences à l’endroit des autorités: protéger et sécuriser les victimes et les témoins.; mettre des moyens juridiques, humains et techniques conséquents ; mobiliser des experts et magistrats spécialisés; adapter le Code de procédure pénale aux poursuites pour crimes graves ; garantir l’indépendance, la compétence et la protection des juges en charge des dossiers.

Selon lui, la coopération pleine et entière de l’exécutif est une condition indispensable. « La collaboration de l’État central est une condition sine qua non pour établir la vérité et situer les responsabilités, y compris au sommet de la hiérarchie ».

« Justice se fera »

Malgré la douleur et la gravité des faits rappelés, Me Clédor Ly a tenu à adresser un message d’espoir aux familles des martyrs et aux survivants. « Vous avez fait confiance à un homme. Cet homme est là aujourd’hui. Faites-lui encore confiance. Justice se fera ».

Les anciens détenus politiques et les blessés ont été présentés comme de véritables « drapeaux vivants de la résistance sénégalaise », leurs cicatrices devenant des « décorations nationales », symboles d’un combat pour la dignité et la liberté. Au-delà d’un simple hommage, cette journée s’est transformée en un acte politique, juridique et mémoriel fort, posant les bases d’un processus que beaucoup espèrent historique : celui de la vérité et de la justice pour les martyrs du Sénégal.

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