Dakar, 30 Oct (SL-INFO) – L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a réclamé, mercredi 29 octobre, un « cessez-le-feu » au Soudan, après des informations sur le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Fasher, ville du Darfour prise, dimanche, par les paramilitaires.
L’OMS est « consternée et profondément choquée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d’El-Fasher, au Soudan, à la suite des récentes attaques et de l’enlèvement de travailleurs de la santé », a annoncé son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué. « Cessez le feu ! », a-t-il ajouté.
Selon l’OMS, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville. Dimanche, elle avait été attaquée « pour la quatrième fois en un mois », les assaillants tuant une infirmière et blessant trois autres professionnels de santé, a déclaré l’organisation. Mardi, en plus de 460 personnes tuées, six professionnels de santé ont été enlevés, a précisé l’OMS.
« Cette tragédie s’inscrit dans le contexte d’une crise qui s’aggrave rapidement à El-Fasher, dans le nord du Darfour, où l’escalade de la violence, les conditions de siège et la recrudescence de la faim et des maladies tuent des civils, y compris des enfants, et font s’effondrer un système de santé déjà fragile. » « L’OMS condamne avec la plus grande fermeté ces attaques horribles contre le système de santé et appelle au respect du caractère sacré des soins », a ajouté l’organisation.
Crainte d’un retour des massacres
Après la prise d’El-Fasher à l’armée du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) contrôlent désormais l’ensemble du Darfour, vaste région de l’ouest du Soudan couvrant le tiers du pays. Commandées par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent l’ouest du Soudan et certaines parties du Sud, avec leurs alliés.
L’armée, elle, contrôle le nord, l’est et le centre du pays, ravagé par plus de deux ans de guerre. Les experts craignent à la fois une nouvelle partition du Soudan et un retour des massacres qui avaient, dans les années 2000, ensanglanté le Darfour, au cœur d’affrontements entre pouvoir et milices.
De son côté, l’OMS pointe la montée de la malnutrition, qui affaiblit le système immunitaire et rend les personnes plus vulnérables aux maladies comme le choléra ou la malaria. Le choléra se répand particulièrement rapidement en raison du manque d’accès à l’eau potable, selon l’institution. Cette année, 32 personnes sont mortes de cette maladie à El-Fasher sur 272 cas rapportés, s’est alarmée l’organisation.
« Toutes les attaques contre les structures de santé doivent cesser immédiatement et sans condition. Tous les patients, le personnel de santé et les établissements de santé doivent être protégés en vertu du droit international humanitaire », a exhorté le chef de l’OMS.
Sans compter l’attaque sur la maternité, l’OMS avait déjà recensé, depuis le début du conflit, en avril 2023, 185 attaques contre des structures de santé ayant fait 1 204 morts et 416 blessés. Quarante-neuf de ces attaques ont eu lieu en 2025, faisant 966 morts.
