Dakar, 30 sept (SL-INFO) – L’épouse, les deux enfants et le présumé marabout de Madiambal Diagne ont été placés sous mandat de dépôt après leur comparution hier, lundi, devant le Doyen des juges d’instruction du Pool judiciaire financier (PJF). Ils sont poursuivis pour de multiples chefs d’accusation incluant, « association de malfaiteurs, escroquerie portant sur des deniers publics, blanchiment de capitaux par le biais de facilités professionnelles, blanchiment de capitaux présumé de 1,176 milliard de FCFA via la SCI familiale Pharaon, le tout commis par un groupe criminel organisé, ainsi que pour complicité de ces chefs».
Quant au supposé marabout de Madiambal Diagne, Serigne Mor Mbaye, il est poursuivi pour « association de malfaiteurs », le juge d’instruction ayant été saisi de ces faits le concernant.
Cette affaire est liée à un marché public controversé passé avec Ellipse Projects International. Malgré les contestations des avocats, le magistrat instructeur a maintenu le placement sous mandat de dépôt.
Initialement, le réquisitoire introductif du Procureur financier, daté du 28 août 2025, visait principalement Madiambalba Diagne (le véritable prénom de Madiambal), son fils Mouhamed Diagne, ainsi qu’Alexe Alizé, Olivier Picard, Arnaud Cludel et Mame Bineta Diaby. Cependant, l’instruction s’est élargie au cercle familial du patron d’Avenir Communication.
L’information judiciaire présente son épouse comme son associée, de même que six des enfants du couple. La somme incriminée, s’élevant à 1 176 500 000 FCFA (un milliard cent soixante-seize millions cinq cent mille FCFA) bien loin des 21 milliards de FCFA initialement annoncés aurait été encaissée au moyen de sept chèques au profit de la société familiale immobilière Pharaon (SCI Pharaon), gérée par Mame Bineta Diaby.
Selon L’Observateur, l’enquête menée par la Centif a formellement établi que ces fonds proviennent d’un marché de sous-traitance lié à un partenariat public-privé conclu avec Ellipse Projects International. L’accusation soutient que la SCI Pharaon, société familiale, a servi de réceptacle à ces flux financiers, s’inscrivant au cœur d’un schéma qualifié de frauduleux.
Le Parquet, financier a ouvert une information judiciaire après avoir été alerté par un rapport de la Centif faisant état de virements suspects entre Ellipse Projects International et la SCI Pharaon. Ces sociétés étaient liées par un contrat de sous-traitance pour l’accompagnement technique et administratif dans le cadre d’un marché étatique estimé à 250 milliards de FCFA, destiné à la construction d’infrastructures judiciaires et pénitentiaires.
L’enquête a pris une tournure explosive dans la nuit du 23 au 24 septembre dernière. Alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Paris à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), Madiambal Diagne a été retenu par les services de sécurité. Ces derniers lui auraient signifié une opposition de sortie du territoire ainsi qu’une convocation à la Division des investigations criminelles (DIC).
Contredisant la version de ses partisans, et confirmée par un communiqué officiel du ministère de l’Intérieur, Madiambal aurait pris la direction de la Gambie au lieu de regagner son domicile. Il a ensuite réapparu le 25 septembre au soir sur X, déclarant être à Paris.
Entre-temps, une descente opérée à son domicile a mené à l’arrestation de son épouse Mame Binta Diaby et de ses deux enfants, interpellés respectivement à Karang et à Ouakam. Un mandat d’arrêt a été délivré à l’encontre de Madiambal Diagne par le Doyen des juges d’instruction du PJF. Conséquence directe, le chef de la DIC et le Commissaire spécial de l’AIBD ont été relevés de leurs fonctions et remplacés.
Toujours attendu au Sénégal pour faire face à la Justice, Madiambal a réagi sur X, assurant qu’il se présenterait de lui-même devant les juges.
