Dakar, 27 mai (SL-INFO) – Une tension grandissante secoue le secteur minier malien, opposant l’État au géant canadien Barrick Gold Corporation, opérateur historique du complexe aurifère de Loulo-Gounkoto. 
 Au cœur du litige : une tentative du gouvernement malien de placer le site sous administration provisoire, une initiative que Barrick juge illégale, injustifiée et dangereuse pour la stabilité des investissements étrangers dans le pays.
Une procédure judiciaire contestéeLe 8 mai 2025, le gouvernement malien a saisi le Tribunal de commerce de Bamako pour demander la mise sous administration provisoire du complexe minier. En réponse, Barrick a déposé une opposition formelle le 22 mai, dénonçant une tentative d’ingérence sans base légale. La décision du tribunal est attendue pour le 2 juin.
Selon Barrick, cette démarche viole les lois maliennes ainsi que les accords contractuels liant les deux parties. « Il n’existe aucun fondement juridique ni factuel pour justifier la nomination d’un administrateur judiciaire sur Loulo-Gounkoto », insiste la société. Elle y voit une escalade dans un différend déjà tendu, marqué par la détention prolongée de plusieurs de ses employés — emprisonnés depuis plus de cinq mois — et le blocage des exportations d’or.
Un engagement maintenu malgré les tensionsMalgré un environnement hostile, Barrick affirme avoir poursuivi le versement des salaires et le soutien aux opérations locales, y compris à ses sous-traitants. Depuis l’interruption forcée de l’exploitation, l’entreprise continue de financer les activités sur une base mensuelle, illustrant son engagement envers les employés et les communautés locales.
Ce différend n’est pas qu’un simple contentieux commercial. Il soulève des enjeux fondamentaux de respect de l’État de droit, de sécurité juridique pour les investisseurs étrangers, et de stabilité économique pour le Mali, dont l’économie dépend fortement du secteur minier.
Des appels au dialogue ignorésBarrick assure avoir multiplié les tentatives pour renouer le dialogue avec les autorités maliennes. Une lettre récente adressée au ministre malien de l’Économie et des Finances réaffirme la volonté de l’entreprise de parvenir à un accord équilibré. L’objectif : libérer ses employés et rétablir l’exploitation du site dans l’intérêt mutuel.
Mais face à l’absence de progrès, Barrick a décidé de recourir à l’arbitrage international, activant les mécanismes prévus dans les conventions minières signées avec le Mali. Cette procédure vise à faire respecter ses droits, protéger ses investissements et obtenir réparation.
Une relation historique remise en causePrésente au Mali depuis près de 30 ans, Barrick a contribué au développement de l’industrie minière locale et à l’économie nationale. Le complexe de Loulo-Gounkoto est considéré comme l’un des projets aurifères les plus performants d’Afrique de l’Ouest. La crise actuelle met en péril cet héritage, tout en jetant un voile d’incertitude sur la capacité du pays à garantir un climat d’affaires stable et équitable.
Déclarations prospectives et incertitudesDans une mise en garde formelle, Barrick rappelle que certaines de ses déclarations sur l’avenir, y compris les perspectives de résolution du conflit, sont des prévisions soumises à de nombreuses incertitudes. Celles-ci incluent les risques politiques, les modifications réglementaires, les fluctuations des prix des matières premières, et les conséquences d’événements géopolitiques mondiaux.
Le différend entre Barrick et l’État malien met en lumière la complexité des relations entre les gouvernements et les investisseurs dans des secteurs stratégiques comme l’exploitation minière. Si la situation actuelle est tendue, elle rappelle également l’importance du dialogue, de la transparence et du respect mutuel dans la gestion de partenariats à long terme.
Le Mali, riche de son potentiel minier, cherche légitimement à maximiser les retombées économiques pour sa population. De son côté, Barrick, en tant qu’acteur engagé depuis près de trois décennies, aspire à continuer de contribuer au développement du pays tout en sécurisant ses opérations.
À l’approche de la décision judiciaire, l’enjeu n’est pas seulement juridique ou financier, mais réside surtout dans la capacité des deux parties à rétablir un climat de confiance. Une issue négociée, équitable et respectueuse des engagements de part et d’autre serait non seulement bénéfique pour les intérêts immédiats, mais aussi pour la stabilité économique et l’attractivité du Mali sur la scène internationale.

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