Dakar, 05 août (SL-INFO) – Du 5 au 8 août 2025 à Dakar, la Carte Brune CEDEAO entre dans une nouvelle phase stratégique. Cette assurance automobile obligatoire pour les déplacements transfrontaliers s’apprête à devenir un dispositif digitalisé, visant une automatisation complète du système. L’objectif dépasse la simple modernisation. Il s’agit de transformer un outil administratif en véritable levier d’intégration économique et de compétitivité régionale.
Instaurée pour couvrir les risques liés aux accidents de la circulation au sein de l’espace CEDEAO, la Carte Brune peine encore à remplir pleinement ses promesses en matière de fluidité et de sécurité. Faute de contrôle harmonisé, d’échange d’informations fiables entre pays membres et d’adhésion systématique, le dispositif reste sous-utilisé. Sa version numérique vise à corriger ces dysfonctionnements structurels, en assurant une traçabilité en temps réel et en réduisant la fraude documentaire.
Ce tournant digital pourrait repositionner le Sénégal comme un acteur-clé du système assurantiel ouest-africain. Le pays, qui abrite déjà le siège du Conseil des Bureaux, entend jouer un rôle moteur dans la mise en œuvre du nouveau modèle, en s’appuyant sur son écosystème numérique en expansion et ses ambitions de hub régional dans les services.
Mais cette réforme pose aussi des défis. Harmoniser les bases de données, garantir la protection des données personnelles, former les assureurs et convaincre les transporteurs constituent autant d’étapes critiques. À cela s’ajoute la nécessité d’arrimer la transformation digitale à des politiques de sécurité routière plus rigoureuses, condition indispensable à l’efficacité du système.
La numérisation de la Carte Brune ne se joue donc pas uniquement sur le terrain technique. Elle cristallise un projet plus large de mobilité régionale encadrée, où assurance, confiance institutionnelle et interconnexion deviennent les piliers d’une CEDEAO plus fonctionnelle et tournée vers l’avenir.