Dakar, 05 août (SL-INFO) – Le Tribunal de commerce de Dakar a appelé à la barre, lundi 4 aout 2025, l’affaire opposant la Compagnie d’électricité du Sénégal Sa (Ces) à ses administrateurs et ses actionnaires, notamment Nordic power Ab et Snpl/Barak suite à une plainte de la société suédoise.
A la base du conflit, une créance déclarée de 30 097 260 742 FCFA en faveur de SNPL/Barak. Une somme qui, selon Nordic Power Ab, repose sur des fondements douteux, voire inexistants. Dans sa requête judiciaire, Nordic Power Ab accuse la nouvelle direction de la CES et ses partenaires d’avoir admis une dette fictive, construite sur des prêts qui n’ont jamais été octroyés à CES mais à d’autres entités du projet, notamment, Quantum Power International Holdings et Nordic Power elle-même.
En fait, la Senelec avait lancé un appel d’offres international pour la construction, la possession et l’exploitation, d’une centrale électrique de 250 Mw en deux phases de 125 Mw chacune au charbon raccordé au réseau Senelec. Ce projet basé à Sendou (Bargny) était sous le contrôle de la Commission de régulation du Secteur de l’électricité et devait se faire sous la formule dite Boo (Build, Own, Operate). Ainsi la société Nykomb Synergetics development Ab avait été retenue comme adjudicataire le 31 août 2007 afin d’agir en tant que promoteur pour la levée des fonds, la conception, la construction et l’exploitation des deux phases de 125 Mw chacune.
A cet effet, l’actionnaire principal, Norland Suzor, avait créé en décembre 2007, la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces), une société anonyme dont il fut l’administrateur général (sans conseil d’administration) pour exécuter la première phase de F 125 Mw du projet avec un financement de 206,4 millions d’euros, répartis entre fonds propres et prêts issus de bailleurs internationaux tels que la Banque ouest africaine de développement et la Banque de développement néerlandaise Fmo (prèteurs Sénior).
Son mandat a duré jusqu’à septembre 2013, après avoir bouclé le financement du projet de 206,4 millions d’euros, reparti en fonds propres de 61,9 millions et des prêts senior de 144,5 millions principalement des institutions financières de développement Nykomb Synergetics development avait conclu par le biais de Ces un contrat d’achat d’énergie avec la Senelec en date du 24 janvier 2008 pour une durée de 25 ans d’exploitation.
Toutefois, par arrêt rendu le 16 avril 2021, la Cour d’appel de Dakar avait admis la Compagnie d’électricité du Sénégal en redressement judiciaire. A ce sujet, Hiba Sabbagh, administrateur général depuis le 25 novembre 2019 avait convoqué l’assemblée générale mixte de la Ces. Mais, selon « Libération », alors que l’assemblée générale devait se tenir le 14 juin 2021, les administrateurs généraux, Jean Craven et Richard Van Der Bilj représentants de Snpl/Barak au niveau de Nordic Power Ab, avaient irrégulièrement convoqué à la date du 28 mai une assemblée générale ordinaire de la Ces fixée pour le même jour pour nommer Malick Seck en tant que nouveau administrateur général en remplaçant Hiba Sabbag.
Norland Suzor a contesté vigoureusement cette désignation qu’elle qualifie d’illégale et a estimé que toutes les décisions prises depuis la nomination de Malick Seck à la Ces, favorisent exclusivement les intérêts de SNPL/Barak. C’est ainsi que, dit-il, dans le cadre du concordat de redressement Judiciaire, Snpl/Barak avait produit une créance de « 30 097 260 742 Fcfa » qui serait due par la Ces. « Malick Seck et le syndicat avaient reconnu que la Ces devait une dette d’un montant de « 26 041 408 572 Fcfa » à Snpl/Barak sans aucun fondement, soutient le plaignant d’après qui : « un montant d’environ 1,3 milliard Fcfa d’intérêts a été admis en sus de la créance d’un montant total de 26 041 408 572 Fcfa ».
Pour Nordic Power Ab, aucun de ces prêts n’a pourtant été accordé à la Ces mais à d’autres actionnaires du projet, à savoir l’actionnaire indirecte Quantum Power International Holdings et la société mère de de la Ces, Nordic Power, actionnaire majoritaire. Pire, il est à noter que la Ces n’a reçu que 16 834 151 800 déclarés au titre du prêt Quantum power. Un montant excédentaire de 2.000.000.000 Fcfa (environ 3 000 000 euros) de fonds que Ces n’a jamais reçu a été inclus dans la créance admise. 7 087 040 d’euros au titre du prêt Nordie Power ont été décaissés au 31 décembre 2020 et transférés par Nordie Power à Ces en tant qu’apport d’actionnaire.
Le prêt a depuis été annulé par Barak le 15 avril 2021. L’équivalent en Fcfa du montant déboursé est de 4 633 525 089, ce qui montre qu’un montant excédentaire de 1300.000.000 Fcfa (environ 2.000.000 euros) a été inclus dans la créance admise », accuse Nerric Power Ab qui demande au tribunal d’ordonner une expertise comptable.
A noter que la compagnie d’électricité du Sénégal dite « Ces » est une société anonyme de droit sénégalais au capital social de 9 116 660 000 Fcfa. Le capital social de Ces est détenu par la société Nordic Power Ab (94,89%), la Prévoyance assurances (1,11) et la société Sgis (4,00%). La société Nordic Power Ab, actionnaire majoritaire de Ces est basée en Suède. Elle est détenue principalement par Norland Suzor, à titre personnel, et par le biais des sociétés Nykomb Synergetics development et Sbec Systems ainsi que la société Altea Fund Limited (antérieurement sous nom de Barak Fund Spc Li-mited) par le biais de la société Sendou nordic power limited (Snpl).