Dakar, 16 juin (SL-INFO) – Le politologue Mamadou Seck, par ailleurs président de la commission « processus électoral » du dialogue national, a pris position ce dimanche en faveur de l’abrogation du délit d’offense au Chef de l’État. Il s’exprimait lors de l’émission Grand Jury sur la RFM.
« Tel que c’est parti, le procureur risque d’avoir des tournis si cette question est brandie à chaque fois. On ne sait pas où est-ce que ça peut mener », a averti M. Seck, soulignant les risques d’abus de cette infraction. Une infraction qui, de l’avis de certains citoyens, est souvent utilisée pour museler des voix discordantes : opposants, activistes, ou simples citoyens critiques du pouvoir.
Le débat autour de cette disposition, qui a cristallisé des désaccords lors du récent dialogue national, reste vif. De plus en plus de Sénégalais dénoncent un instrument juridique dépassé, qui serait utilisé pour restreindre la liberté d’expression sous couvert de protection de l’institution présidentielle.
Pour Mamadou Seck, une réforme s’impose. Il recommande de suivre l’exemple de la France, qui a supprimé ce délit en 2013, en permettant plutôt au président de la République de recourir aux voies de droit classiques en cas de diffamation ou d’injure à son encontre.
Abordant plus largement la question des libertés politiques, Mamadou Seck reconnaît la difficulté du sujet. Il appelle à « un regard moins strict » sur le traitement des libertés individuelles et collectives, à un moment où les tensions politiques exigent, selon lui, une désescalade. « Dans ce contexte de dialogue, on a besoin de lâcher du lest, d’être dans une phase d’accalmie pour poursuivre les réformes en perspective », a-t-il conclu avec insistance.
Son appel intervient alors que le Sénégal est engagé dans une dynamique de réformes institutionnelles, avec un dialogue national censé aboutir à un consensus sur les grands enjeux démocratiques du pays.