Dakar, 24 nov (SL-INFO) – Les premiers éléments de l’enquête sur l’incendie qui a décimé la famille Dièye à Colombus (Ohio) soulèvent une profonde incompréhension. Non seulement le drame serait d’origine criminelle, mais l’auteur présumé serait Cheikh Dièye, 25 ans, retrouvé mort avec ses parents dans les flammes.
Interrogés par L’Observateur, des experts en criminologie et en psychologie tentent d’expliquer ce passage à l’acte extrême. Le criminologue Pape Khaly Niang rappelle que de tels gestes ne surgissent jamais soudainement. Selon lui, l’isolement lié à l’expatriation joue un rôle majeur : loin de ses repères sociaux, une personne peut voir ses fragilités psychiques s’accentuer sans que personne ne s’en aperçoive. La pression quotidienne, lorsqu’elle n’est pas accompagnée, crée un terrain propice à la perte de contrôle, surtout lorsque s’installe une forme d’indifférence émotionnelle.
La psychologue Sandrine Diédhiou évoque l’accumulation de souffrances non prises en charge et l’émergence de croyances déformées. Elle souligne qu’une personne peut finir par percevoir, à tort, sa propre famille comme la source de son mal-être. La violence extrême du geste- s’immoler et entraîner les siens dans les flammes- révèle une complexité psychique profonde et un désespoir rarement visible de l’extérieur.
Pour le psychologue Serigne Mor Mbaye, ce drame doit aussi être replacé dans le contexte plus large des familles migrantes. Les troubles identitaires, fréquents chez les enfants d’immigrés pris entre deux cultures, peuvent fragiliser la construction personnelle. Lorsqu’une crise aiguë survient chez un individu déjà vulnérable, le basculement peut se produire dans un silence total.
Tous les experts s’accordent sur un point : le passage à l’acte surgit souvent dans l’apparence du calme, sans signes annonciateurs évidents. Seule une enquête psychologique, sociale et familiale approfondie pourra éclairer le mobile exact de Cheikh Dièye.
Dans son édition du samedi, Les Échos rapportait que près de vingt appels au 911 avaient été enregistrés en trois ans pour des disputes et troubles domestiques, dénotant un climat familial extrêmement tendu chez les Dièye.
