Dakar, 02 août (SL-INFO) – Alors que les États-Unis ont annoncé jeudi 31 juillet des nouveaux droits de douane, l’Afrique n’est pas épargnée. Partenaire secondaire pour Washington, le continent compte pour 1,6 % des importations américaines, mais à l’inverse, 6 % des exportations africaines partent vers les États-Unis. Si certains pays ont tiré leur épingle du jeu avec les nouveaux tarifs, leur augmentation est tout de même grave pour des secteurs, que ce soit l’agriculture, l’automobile ou le cacao. Donald Trump fait voler en éclat la politique commerciale des droits de douane avec le continent africain. Ce dernier jouissait du traité de l’Agoa, un accord commercial qui exonérait un certain nombre de produits de droits de taxes à leur entrée aux États-Unis. Place désormais à des nouveaux taux, par rapport aux premières annoncés faites en avril.
 
Sur le continent, l’Afrique du Sud est l’un des pays les plus touchés, Washington étant son deuxième plus grand partenaire commercial. Malgré les tentatives du gouvernement sud-africain de trouver un accord, la Maison Blanche a confirmé un taux de 30 % à l’encontre des produits sud-africains. Les conséquences pourraient être graves : selon la Banque centrale, 100 000 emplois sont menacés, principalement dans l’agriculture et l’industrie automobile, rapporte notre correspondante à Johannesburg, Joséphine Kloeckner.
 
Selon la présidence, l’Afrique du Sud espère toujours conclure un accord avec les États-Unis. Mais le parti Alliance démocratique dénonce un échec diplomatique et de la négligence. « Les négociateurs sud-africains ont manqué la date limite pour soumettre leurs propositions commerciales aux États-Unis, affirme Toby Chance, porte-parole dédié au commerce, à l’industrie et à la compétition. Après avoir dépassé cette échéance, ils ont été contraints de demander une extension. »
 
« Je ne pense pas que le gouvernement sud-africain puisse faire quoi que ce soit »
Pour l’économiste dr Azar Jammine, ces droits de douane à 30 % traduisent davantage la détermination des États-Unis à sanctionner l’Afrique du Sud pour des politiques qu’ils désapprouvent, comme celles de discrimination positive, ou la procédure de justice contre Israël : « Je ne pense pas que le gouvernement sud-africain puisse faire quoi que ce soit. Je pense que l’administration Trump avait déjà pris sa décision. »
 
Les secteurs les plus touchés, l’industrie automobile et l’agriculture, notamment les producteurs d’agrumes, qui craignent devoir jeter des centaines de milliers de cageots. L’économiste nuance cependant l’impact sur l’ensemble de l’économie : « Les exportations de minéraux, de loin les plus importantes vers les États-Unis en termes de valeur, ne sont pas affectées. Les exportations concernées ne représentent donc finalement qu’environ 2,5 % des exportations sud-africaines. »
 
Multitude de taux
La surprise a été semblable pour l’Algérie et la Libye, qui subissent également 30 % de droits de douane. La Tunisie, elle, voit son taux maintenu à 25 %. Une quinzaine d’autres pays figurent sur la liste de Donald Trump, taxés à 15 %. Parmi eux figurent l’Angola, le Cameroun, le Tchad ou encore la RDC.
 
C’est toutefois le soulagement pour Madagascar et le Lesotho. Alors qu’ils s’attendaient à des droits de douanes de près de 50% chacun, ils se verront finalement taxer à hauteur de 15 %. Une punition moins sévère donc pour leurs filières stratégiques que sont la vanille et le textile.
 
Une moindre taxation du cacao ivoirien, mais qui aura ses conséquences
Si Abidjan a réussi à éviter la taxation de son cacao à 30 %, le taux de 15 % aura des conséquences sur son économie. Car 4 % des échanges de la Côte d’Ivoire se font avec les États-Unis. En 2023, le pays y a exporté environ 10 % de ses fèves de cacao, qui vont donc être désormais taxées à hauteur de 15 %.
 
Une mauvaise nouvelle pour Brahima Niampa qui est à la tête de la coopérative Ecopas dans la région de San Pedro et secrétaire général de l’association des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire.    

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