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Dakar, 28 juillet (SL-INFO) – Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé, ce dimanche 27 juillet, la conclusion d’un accord commercial majeur entre les États-Unis et l’Union européenne sur les droits de douane. Si cet accord vise à apporter une « stabilité et prévisibilité » selon Bruxelles, Paris, par la voix de ses ministres, exprime des réserves quant à son équilibre.
 
La rencontre éclair à Turnberry, dans le complexe de golf de Donald Trump, a abouti à un compromis après un peu plus d’une heure de négociations intenses. Le président américain a salué ce texte comme le « plus grand jamais conclu » en matière de commerce, y voyant une promesse « d’unité et d’amitié ». De son côté, Ursula von der Leyen s’est réjouie d’un « bon accord » qui « rééquilibrera, mais permettra le commerce des deux côtés de l’Atlantique ».
 
Les détails de l’accord : 15% de droits et des investissements massifs
Sur le fond, l’accord prévoit un tarif douanier de 15% sur les produits des 27 États membres de l’UE exportés vers les États-Unis. Ce taux, qui inclut toutes les taxes existantes, est bien en deçà des 30% initialement menacés par l’administration Trump et couvrira les médicaments, les puces électroniques et les voitures.
 
En contrepartie, l’Union européenne s’est engagée à un investissement massif dans l’économie américaine : 750 milliards de dollars sur trois ans, soit 250 milliards par an. Cet engagement vise notamment à remplacer les importations de gaz russe et à éviter de financer la guerre en Ukraine. L’accord inclut également de nouveaux investissements européens aux États-Unis pour un montant de 600 milliards de dollars, tandis que le président Trump a évoqué des « centaines de milliards de dollars » d’achats d’armement par les Européens.
 
Les deux puissances économiques ont également convenu de lever réciproquement leurs droits de douane sur un « certain nombre de produits stratégiques », tels que les équipements aéronautiques, certains produits chimiques, les équipements pour semi-conducteurs, des produits agricoles spécifiques et des matières premières critiques.
 
Des réactions partagées entre soulagement et prudence
L’accord, dont tous les détails ne sont pas encore connus et qui devra être validé par les États membres de l’UE, est perçu différemment selon les capitales. Si l’Allemagne a été le premier pays à saluer l’accord, le chancelier a néanmoins « souhaité davantage d’allègements dans le commerce transatlantique ».
 
Cependant, à Paris, le ton est plus mesuré. Benjamin Haddad, ministre délégué aux Affaires européennes, a estimé sur le réseau social X que ce texte apportera une « stabilité temporaire », mais qu’il est « déséquilibré ». Il a mis en garde contre un risque de « décrochage » des Européens s’ils ne « se réveillent pas », tout en se félicitant de l’exemption de secteurs clés pour l’économie française comme l’aéronautique, les spiritueux et les médicaments.
 
Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, a également déploré sur RTL un accord « déséquilibré », insistant sur la nécessité pour l’Europe d' »accélérer sa stratégie de compétitivité » et d’être « mieux protégée contre la concurrence déloyale ». De même, Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, a reconnu sur France Inter un accord « pas équilibré », tout en soulignant qu’il apporte « de la stabilité pour nos entreprises ».
 
Un virage protectionniste américain confirmé
Pour certains observateurs, cet accord marque une forme de recul stratégique de la part de Bruxelles. Thierry Mayer, économiste et professeur à Sciences Po, estime que l’UE a manqué l’occasion de faire preuve de fermeté et prédit de nouvelles menaces douanières de la part de l’administration Trump. Du côté américain, l’accord de Turnberry confirme un virage protectionniste assumé, avec des échanges transatlantiques entrant dans une nouvelle ère, loin des 4,8% de droits de douane moyens appliqués par les États-Unis avant le retour de Donald Trump au pouvoir.
 
Malgré les inquiétudes, l’impact global de ces nouveaux droits de douane devrait être relativement limité, étant donné que le commerce de l’Union européenne s’effectue majoritairement entre ses propres États membres. Néanmoins, l’accord force l’Europe à reconsidérer sa position face à une politique commerciale américaine de plus en plus assertive.

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