Dakar, 12 nov (SL-INFO) – Dans un entretien accordé à L’Observateur, Fata n’a pas mâché ses mots. Pour lui, « ce qui pose problème, c’est quand, après avoir prêché la morale au nom du peuple, certains finissent par occuper des postes au sein de l’appareil d’État. Là, on s’éloigne de l’essence même du mouvement ».
Selon l’artiste, certains rappeurs ont perdu leur légitimité en acceptant des fonctions institutionnelles après avoir pourtant critiqué le système – une allusion directe à Nitt Doff, aujourd’hui président du Conseil d’administration du Fonds des Cultures Urbaines (FCU).
L’interlocuteur du quotidien du Groupe futurs médias dit assumer pleinement son rôle de « sentinelle » du rap sénégalais. Il rappelle d’ailleurs que Nitt Doff avait autrefois violemment fustigé le défunt Pacotille pour sa proximité avec l’ancien président Abdoulaye Wade, avant d’accepter lui-même un poste. Une contradiction que Fata n’a pas manqué de relever. Fidèle à ses principes, il confie avoir rendu visite à Nitt Doff en prison pour lui conseiller de « s’éloigner de la politique », un geste qui illustre sa cohérence et sa fidélité à une ligne d’indépendance.
Pour Fata, la politique est en train de «bouffer» le rap, de le diviser et de le détourner de sa mission première : éduquer, éveiller et rassembler. « Au final, les artistes sont les seuls perdants », déplore-t-il, convaincu que beaucoup se laissent instrumentaliser par des logiques partisanes.
Face aux insultes et aux rumeurs – allant jusqu’à l’accuser d’homosexualité ou d’exil forcé – Fata reste impassible : « À force, cela me laisse de marbre ». Il y voit la main de détracteurs « colorés politiquement » qui supportent mal son indépendance.
Pour le rappeur, le vrai courage ne réside ni dans la provocation ni dans le populisme, mais dans la fidélité à son message et la hauteur du débat. Et de conclure : « Le vrai engagement, c’est celui qui reste libre, détaché de tout intérêt, pas une carrière politique déguisée. »
