Dakar, 12 nov (SL-INFO) – Le Collège de France a annoncé l’annulation d’un colloque sur la Palestine qui devait se tenir les 13 et 14 novembre à Paris. L’institution a justifié cette décision par la nécessité de garantir la « sérénité des débats » et de prévenir les « risques de débordements », suite à une polémique médiatique.

L’événement, intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », était coorganisé par l’historien Henry Laurens et le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep Paris). Selon des informations de l’agence Anadolu, la controverse a débuté après la publication d’un article dans Le Point le 7 novembre, qualifiant le colloque de « propalestinien à haut risque ». Le Journal du dimanche a ensuite souligné la coïncidence de la date avec le dixième anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, une association que les organisateurs ont réfutée, indiquant que le créneau avait été proposé par l’administration du Collège.

Face à l’ampleur des réactions, l’administrateur de l’établissement, Thomas Römer, a pris la décision de l’annulation après avoir proposé sans succès aux organisateurs de tenir les débats à huis clos. Il a invoqué sa responsabilité quant à la sécurité des personnes et des biens. Ce climat de tension autour des sujets liés au Proche-Orient s’est déjà manifesté en France, notamment lors de l’interruption d’un concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à Paris.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a qualifié cette annulation de « décision responsable » sur le réseau social X. D’après des informations du journal Le Monde, le ministre avait adressé un courrier à l’administrateur quelques jours auparavant, jugeant que le programme présentait « un parti pris sur un sujet délicat et fortement polémique ». L’entourage du ministre a nié toute pression, évoquant des « risques de troubles à l’ordre public ».

Cette annulation a provoqué de vives réactions dans le milieu académique. Dans un communiqué commun, le Carep et la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe ont dénoncé une « atteinte à la liberté académique » et un « précédent dangereux ». Ils estiment qu’« une polémique médiatique suffise à censurer tout colloque jugé sensible ». La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a exprimé sa « consternation », jugeant l’intervention ministérielle préoccupante. De son côté, l’association France Universités a fait part de sa « vive inquiétude » face à une décision « sans précédent depuis plus d’un siècle ». Une pétition signée par près d’un millier de chercheurs et d’étudiants a également été lancée pour demander la démission du ministre.

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