Dakar, 11 Oct (SL-INFO) – À deux jours de l’élection présidentielle au Cameroun, le gouvernement a donné une conférence de presse pour rappeler la législation concernant la proclamation des résultats du scrutin, vendredi 10 octobre. Répétant que seul le Conseil constitutionnel était habilité à les donner, il a aussi affirmé qu’aucune infraction à la règle ne serait tolérée.

Alors que les derniers préparatifs pour la présidentielle de ce dimanche 12 octobre au Cameroun vont bon train, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, s’est livré ce vendredi à un rappel à la loi concernant la proclamation des résultats du scrutin. Mettant en garde tous ceux qui projetteraient d’annoncer des chiffres à l’issue du vote, il a menacé d’interpellation les contrevenants à cette règle.
 
Paul Atanga Nji a notamment dit détenir des informations concernant l’existence de plateformes destinées à proclamer les résultats avant la date retenue et en dehors des créneaux officiels, dénonçant des pratiques « irresponsables, dangereuses et criminelles ». Visant tout particulièrement les candidats de l’opposition, celui-ci a déclaré que l’État n’hésiterait pas à sévir et procéderait à des interpellations s’il le fallait, ajoutant pince sans rire que les résidences des candidats en question ne disposaient pas de portes blindées.
 
De façon plus explicite et menaçante encore, Paul Atanga Nji a aussi lancé à leur intention que leur statut ne leur conférait « aucune immunité », rapporte notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba. Une sortie à laquelle seul le professeur Abah Oyono a pour l’instant réagi. Des dispositions légales du code électoral protègent le fait de rendre public les résultats de chaque bureau de vote après dépouillement, a notamment indiqué ce proche conseiller du candidat Issa Tchiroma Bakary que beaucoup considèrent comme le principal destinataire de la mise en garde des autorités.
 
« Même le résultat d’un seul bureau de vote, on n’a pas le droit de le donner »
En ce qui concerne la presse, le travail des journalistes est lui aussi très encadré. Alors que peu d’entre eux sont accrédités pour entrer dans les bureaux de vote, ces derniers n’ont pas non plus le droit de partager l’issue du dépouillement dans celui ou ceux où ils couvrent l’élection.
 
« Même le résultat d’un seul bureau de vote, on n’a pas le droit de le donner : le reporter doit se contenter de faire vivre le scrutin aux auditeurs, mais il a interdiction formelle de donner un seul résultat », déplore ainsi Emmanuel Koko, journaliste à Balafon Media, qui va couvrir l’élection à Garoua. « Cela est bien dommage car juste à côté de chez nous, au Nigeria, on vote le matin et on a les résultats le soir. Au Cameroun, il faut deux semaines ! », reprend ce dernier rencontré par notre envoyée spéciale à Douala, Amélie Tulet.
 
Alors que même Élécam, la structure qui organise le scrutin, ne communique aucun résultat partiel ou provisoire, David Moukoudi, membre de l’ONG Un monde avenir, voit dans ce dispositif un mécanisme de fraude électorale : « Ainsi, comme aucun résultat n’est encore public, personne ne peut contester celui sorti de tel ou tel bureau de vote. Et comme la seule personne habilitée à les communiquer est le Conseil constitutionnel, une fois qu’il les a donnés, ils sont définitifs. Impossible donc de revenir dessus », dénonce ce dernier.

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