Dakar, 23 mai (SL-INFO) – Le procès fleuve des contrats publics controversés impliquant l’achat d’un avion présidentiel et d’équipements militaires pour plus de 88 milliards de francs CFA connaît un nouveau renvoi. Une fois encore, les débats sont suspendus, cette fois en raison de l’état de santé d’une des principales accusées, l’ex-ministre des Finances Bouaré Fily Sissoko.
Le très attendu procès dit du « Boeing présidentiel et des équipements militaires », rouvert ce jeudi 22 mai devant la Cour d’assises de Bamako, a été une nouvelle fois ajourné. Le report a été accordé à la suite d’une requête de la défense, invoquant l’état de santé préoccupant de l’ancienne ministre de l’Économie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko. Un certificat médical versé au dossier indique une incapacité temporaire de l’intéressée à comparaître, confirmée par les difficultés qu’elle aurait eues à se tenir debout lors de précédentes audiences.
La Cour, tout en accédant à cette demande, a fixé la nouvelle date d’audience au 2 juin 2025, insistant sur l’obligation de comparution de l’accusée ou la présentation d’un nouveau certificat médical valable. Le report s’inscrit dans une série de suspensions qui ont émaillé cette procédure ouverte en novembre 2023, notamment après la mort en détention de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, également mis en cause.
Les juges ont par ailleurs rejeté les demandes de liberté provisoire introduites par les avocats de Mme Sissoko et du Colonel-Major Nouhoum Dabitao, qui resteront donc en détention jusqu’à la reprise du procès. La Cour a tenu à rassurer sur la continuité de la procédure, malgré une recomposition partielle de son collège.
Un dossier sensible qui concerne deux marchés publics attribués sans appel d’offres pour des montants faramineux : environ 28,5 milliards de francs CFA pour l’achat d’un avion présidentiel et près de 69 milliards pour l’acquisition d’équipements militaires. Il met en cause plusieurs anciens hauts responsables de l’État, certains actuellement en fuite à l’étranger et visés par des mandats d’arrêt internationaux.
Le ministère public a réitéré son attachement à une justice transparente et a réfuté toute accusation d’acharnement, tandis que le Contentieux général de l’État a rappelé son engagement à combattre la corruption au sein de l’administration.
La date du 2 juin 2025 s’annonce donc comme un tournant décisif dans cette affaire, marquant l’ouverture attendue des plaidoiries, la fin de l’audition des témoins, les réquisitions du parquet, et probablement les premières conclusions de la Cour. Un rendez-vous crucial pour l’opinion publique malienne, qui suit ce procès comme un révélateur de la volonté réelle des autorités judiciaires à sanctionner les détournements de fonds publics.
