Saint-Louis, 17 déc (SL-INFO) – Le Collectif des féministes du Sénégal organise un sit-in freedom avec comme dress code nu pour lutter contre la culture du viol. Seulement, elles risquent de s’exposer à des poursuites pour outrage public et attentat à la pudeur.
Pour lutter contre la culture du viol, l’application du protocole de Maputo et pour qu’on leur f… la paix, le Collectif des Féministes du Sénégal compte organiser un dress code nu pour un sit-in le 31 décembre 2024. Seulement, les participantes devraient se départir de leurs habits, être nues afin de pouvoir participer à l’événement car le dress code est stipulé comme suit : nue ou tatu nene. Une première au Sénégal.
Que dit la législation sénégalaise par rapport à cette démarche ? Que risquent aujourd’hui les féministes, si elles vont jusqu’au bout de leur logique ? Et l’Islam dans tout ca ?
Au Sénégal, la législation est très stricte par rapport à ce genre de pratiques. « Si les féministes sénégalaises font leur sit-in en public, en étant nues, elles seront immédiatement poursuivies pour outrage public aux bonnes mœurs et d’attentat à la pudeur. Elles ne peuvent pas s’afficher en public nues. C’est interdit au Sénégal », confie un avocat à l’Obs sous le couvert de l’anonymat.
Elles seront poursuivies pour outrage public aux bonnes mœurs et d’attentat à la pudeur
« Seulement, la loi peut être clémente, si les féministes effectuent leur sit-in dans un cadre purement privé et fermé. Si elles le font dans un endroit privé, tout dépendra de la façon dont elles vont se comporter. Si elles se retrouvent toutes dans une pièce nues, le code pénal ne les attaquera pas tant qu’elles ne posent pas des actes prohibés par la loi, comme des actes contre nature, par exemple », Indique la robe noire.
« Cependant, si par mégarde, des photos ou vidéos sont diffusées sur les réseaux sociaux, les féministes seront poursuivies pour « diffusion d’image contraire aux bonnes mœurs », dit l’avocat. Qui ajoute : « le délit de diffusion d’image contraire aux bonnes mœurs est passible d’un à deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 25 000 à 300 000 francs. »
Pour qu’il y ait une infraction, il faut un élément matériel
Me Babacar Niang estime que par cette pratique, les féministes peuvent être poursuivies pour outrage public qui est une infraction. « C’est de l’exhibition. Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur sera punie d’un emprisonnement de trois mois à deux ans de prison et d’une amende de 20 000 à 200 000 francs », dit sans détour l’avocat.
Seulement, en vérité, d’après Babacar Niang, le corps peut apparaître comme un moyen de lutte dans le cadre du militantisme. « Quand les femmes se déshabillent pour faire un sit-in, c’est plutôt un signal, mais pas une provocation à connotation sexuelle. Même si a priori, ceci pourrait être constitutif de l’outrage public à la pudeur, l’intention est juste de militer. Un tel fait pourrait certes choquer l’opinion sénégalaise, mais finalement, elles pourraient ne pas être poursuivies », explique Me Niang.
C’est de l’exhibition
Seulement, certaines associations se réclamant de la « brigade des mœurs » pourraient s’en offusquer et faire pression pour des poursuites. Mais, explique l’avocat, « si on recherche l’intention qui se cache derrière leur acte, les féministes ne seront pas poursuivies ».
« Pour qu’il y ait infraction, il faut un élément matériel et un élément intentionnel. S’il n’y a pas d’intention coupable derrière l’acte, en principe, il n’y a pas poursuite ni sanction. L’objectif de ces femmes est de dénoncer des viols. Rien de plus », dit l’avocat.
Aujourd’hui, Me Niang estime qu’utiliser son corps pour dénoncer les violences faites aux femmes et les viols est un combat digne et noble.