Dakar, 01 août (SL-INFO) – Le 30 juillet 2025, le gouvernement sénégalais a adopté un projet de loi sur la déclaration de patrimoine, marquant une avancée majeure dans sa stratégie de moralisation de la vie publique. Longtemps cantonnée à une poignée de hautes fonctions politiques, cette obligation s’étend désormais à une série d’acteurs publics dont l’influence sur la dépense ou la décision n’était que peu encadrée.
L’objectif dépasse la simple prévention de l’enrichissement illicite. Il s’agit de construire un socle de confiance entre citoyens et institutions, en plaçant la transparence non plus comme un geste symbolique mais comme une condition fonctionnelle de l’exercice du pouvoir. En inscrivant cette exigence dans la loi, l’exécutif entend transformer une pratique jusque-là perçue comme exceptionnelle en norme républicaine.
Le texte prévoit un élargissement significatif des profils concernés, allant des membres du gouvernement aux directeurs d’agences, hauts magistrats, responsables de sociétés publiques et personnalités occupant des postes stratégiques dans les finances ou les marchés publics. Il introduit aussi des mécanismes de contrôle et de suivi renforcés, avec des sanctions claires en cas de fausse déclaration ou d’omission délibérée.
Au-delà du cadre juridique, c’est une culture du soupçon maîtrisé que cherche à installer l’État?: celle qui invite à rendre des comptes sans verser dans la suspicion généralisée. En faisant de la vertu administrative un impératif institutionnel, cette réforme répond à une exigence citoyenne de longue date, dans un contexte où la légitimité de l’action publique passe autant par la probité que par l’efficacité.
Ce virage, s’il est mis en œuvre avec rigueur, pourrait contribuer à redéfinir les contours de la gouvernance sénégalaise et à faire de la transparence un levier actif de régulation démocratique.