Dakar, 01 nov (SL-INFO) – Interrogé par L’Observateur, Ousmane Kane, ancien président de la Cour d’appel de Kaolack et aujourd’hui magistrat à la retraite, s’exprime sur l’interpellation des journalistes Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall. Ces derniers avaient été embarqués puis relâchés après avoir diffusé une interview de Madiambal Diagne, visé par un mandat d’arrêt international.
Selon l’interlocuteur du journal, aucune disposition légale au Sénégal n’interdit à un journaliste d’interviewer une personne recherchée, dès lors que sa localisation est connue.
Kane précise que des poursuites ne peuvent être engagées que pour des faits de recel ou de complicité, non pour une simple conversation. Il rappelle deux dispositions précises :
«L’article 47, paragraphe 1, du Code pénal punit ceux qui fournissent habituellement – logement, lieu de retraite ou de réunion – à des malfaiteurs exerçant des violences. L’article 47, paragraphe 2, sanctionne toute personne qui donne le gîte à quelqu’un qu’elle sait recherché pour un crime, afin de lui permettre de se cacher ou de prendre la fuite.»
Le spécialiste insiste : ces textes visent l’aide matérielle et la dissimulation, et non l’acte d’interviewer une personne recherchée.
Pour étayer ses propos, l’ex-juge cite l’exemple du célèbre criminel français Jacques Mesrine, interviewé en 1978 par Paris Match alors qu’il était activement recherché. Il rappelle toutefois que l’éthique journalistique reste essentielle, évoquant le cas d’une journaliste du New York Times emprisonnée pour avoir refusé de révéler une source, preuve que la profession requiert avant tout « mesure et sens des responsabilités ».
Concernant l’affaire Madiambal Diagne, Ousmane Kane estime que les récents développements pourraient constituer « une aubaine » pour la défense du journaliste devant la justice française. Sans critiquer directement les nouvelles autorités, il les invite néanmoins à faire preuve de plus de discernement et de rigueur juridique dans leurs actions.
