Dakar, 17 juin (SL-INFO) – Exploitation, violences basées sur le genre, manque d’accès aux soins et à l’éducation. Les enfants et les jeunes en mobilité vivent une précarité alarmante, selon une nouvelle étude de ChildFund, une organisation non gouvernementale (ONG) internationale spécialisée dans la protection et le développement des enfants.
Selon une étude dévoilée le 16 juin 2025 par l’ONG ChildFund, 62,5 % des enfants et des jeunes âgés de 15 à 23 ans, en situation de mobilité au Sénégal, sont confrontés à des risques d’exploitation économique et sexuelle. L’étude, fondée sur les témoignages de plus de 1 000 jeunes, révèle une réalité préoccupante?: pauvreté, violences basées sur le genre, traditions sociales telles que la dot et quête d’indépendance poussent les jeunes à migrer, souvent sans accompagnement ni protection.
Les filles, en première ligne des dangers liés au genre
Les jeunes filles en mobilité sont particulièrement vulnérables. Nombreuses sont celles qui travaillent dans le secteur domestique ou les services commerciaux, parfois au prix de leur sécurité. Certaines sont contraintes à des relations abusives ou se retrouvent dans des activités dangereuses pour survivre. À Dakar, 30 % des filles occupent des emplois domestiques et 15 % travaillent dans les services commerciaux. Les garçons ne sont pas épargnés : 15 % d’entre eux pratiquent la mendicité, les exposant à l’exploitation et à la violence.
Une migration majoritairement interne, mais aussi régionale
La majorité de ces jeunes migrants (près de 68 %) viennent du Sénégal même, mais l’étude met aussi en évidence la dimension régionale du phénomène : Nigeria, Guinée, Mali, Guinée-Bissau ou encore Burkina Faso sont des pays d’origine fréquents. Ces flux sont alimentés par les crises économiques et les liens migratoires historiques en Afrique de l’Ouest.
Des réponses institutionnelles encore largement insuffisantes
À Dakar, seuls 2,3 % des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir reçu une quelconque aide à leur arrivée, principalement alimentaire. Face à l’ampleur des besoins, ChildFund plaide pour des actions concertées : renforcer la collaboration entre acteurs, adapter les politiques aux contextes locaux, créer des centres d’accueil, garantir l’accès à l’éducation et surtout sensibiliser sur les droits fondamentaux de l’enfant.
Une résilience admirable, malgré les épreuves
Malgré les dangers et les manques, l’étude met en lumière l’extraordinaire résilience des enfants et des jeunes en mobilité. Plus de 80 % continuent à se soutenir entre pairs ou à poursuivre leurs études. Cependant, près d’un sur cinq souffre d’un stress aigu, signe d’un urgent besoin de soutien psychologique et de solutions pérennes.
Un appel urgent à l’action collective
« C’est un signal d’alarme », affirme le Dr Allassane Drabo, directeur pays de ChildFund Sénégal et Guinée. Il appelle toutes les parties prenantes, autorités, communautés, institutions régionales et jeunes eux-mêmes à œuvrer ensemble pour protéger les droits des enfants en mobilité. « Aucun enfant ne devrait être confronté à de tels dangers», alerte-t-il.