Dakar, 26 juin (SL-INFO) – Face aux incompréhensions et tensions croissantes autour des refus de visa, notamment pour les jeunes Sénégalais, l’Ambassade des États-Unis à Dakar s’explique. Invitée de l’émission RFM Matin ce jeudi 26 juin, Ruth Anne Stevens-Klitz, conseillère aux affaires publiques, a levé un coin du voile sur les critères qui régissent la politique consulaire américaine.
« La loi américaine exige, de manière générale, que toute personne sollicitant un visa soit interviewée par un agent consulaire », a-t-elle rappelé d’emblée. Une étape incontournable qui permet, selon elle, de garantir que la demande est « conforme aux normes établies par la législation nationale ». Il ne s’agit pas d’une simple formalité administrative, mais d’un véritable filtre destiné à évaluer la crédibilité et la légitimité de chaque projet de voyage.
Cette politique repose en grande partie sur un principe fondamental : la confiance. « Pour les États-Unis, le système de visas repose sur une relation de confiance avec les demandeurs », insiste Stevens-Klitz. Or, cette confiance a été mise à mal, notamment dans le cas des visas étudiants. La diplomate pointe du doigt les nombreux cas de dépassement de séjour : « Il y a des étudiants qui, une fois aux États-Unis, ne respectent pas les termes de leur visa. Ils restent au-delà de la durée autorisée, parfois pour travailler illégalement. »
Ce type d’abus entraîne des conséquences pour l’ensemble des candidats sénégalais. « Chaque cas de non-respect des règles fragilise la crédibilité des prochaines candidatures, même légitimes », avertit-elle. Et de poursuivre : « Le dépassement des conditions de séjour ne nuit pas seulement à la relation bilatérale, il prive aussi le Sénégal de jeunes qui auraient dû revenir avec des compétences pour contribuer au développement national. »
Même si les statistiques ne sont pas publiques, Ruth Anne Stevens-Klitz reconnaît que les dépassements de visa sont suffisamment fréquents pour que les autorités américaines s’en inquiètent. « Ce problème n’est pas propre au Sénégal, mais le taux est élevé. Plus de 15 % des étudiants sénégalais prolongent leur séjour illégalement après l’expiration de leur visa », confie-t-elle.
Cela ne signifie pas pour autant que les Sénégalais sont spécifiquement ciblés. « Il n’existe aucune interdiction de voyager visant le Sénégal. Chaque demande est examinée individuellement, et c’est uniquement sur cette base que les décisions sont prises. »
La conseillère tient à dissiper une confusion fréquente : « Un visa n’est pas une autorisation de séjour illimité. Il donne seulement le droit de se présenter à la frontière américaine, où un agent décide de l’entrée sur le territoire et de la durée de séjour. » Et d’insister : « Un visa valable dix ans ne signifie pas qu’on peut vivre dix ans aux États-Unis. »