Dakar, 31 juillet (SL-INFO) – Président du mouvement Agir-les leaders Thierno Bocoum a déclaré que le plan de redressement économique et social débute «par une faute républicaine ».
«’’Le Conseil a examiné et adopté le Plan de redressement économique et social présenté par Monsieur le Premier ministre’’. Cette phrase, en apparence anodine, cristallise deux dérives graves et convergentes : la personnalisation croissante du pouvoir exécutif autour du Premier ministre et le contournement méthodique des institutions de la République», a-t-il affirmé. Avant de poursuivre: «D’un point de vue institutionnel, la formulation est troublante. Dans le régime politique sénégalais, c’est le Président de la République qui détermine la politique de la Nation (article 42 de la Constitution) et non son Premier ministre. Ce dernier dirige l’action du gouvernement dans le cadre fixé par le Chef de l’État mais ne peut se substituer à lui comme concepteur politique. En affirmant que le plan a été présenté par le Premier ministre, le Conseil des ministres consacre une inversion des rôles constitutionnels où l’exécution se prend pour la source ».
Thierno Bocoum soutient que le plus préoccupant est la présentation de ce plan déjà adopté, au public ce vendredi au grand théâtre sans que l’assemblée nationale ne soit saisie ni informée.
«Ce déséquilibre institutionnel n’est pas une première. Il s’inscrit dans une logique déjà exprimée et assumée par le Premier ministre lui-même, qui, dès sa nomination, avait publiquement envisagé de faire sa déclaration de politique générale non pas devant l’Assemblée nationale mais devant un jury populaire. Cette sortie, en rupture avec l’article 55 de la Constitution, fut alors perçue comme un incident de communication. Elle apparaît aujourd’hui comme une méthode de gouvernement », dit l’ancien même du parti d’Idrissa Seck, Rewmi.
En d’autres termes, argue-t-il, dans une république, la validation populaire précède la délibération parlementaire.
Selon Thierno Bocoum, c’est une méthode dangereuse qui confond communication et gouvernance, audience et légitimité, adhésion émotionnelle et cadre constitutionnel. «Elle installe un pouvoir parallèle où la scène médiatique prend le pas sur les institutions, où la République devient un décor et où le gouvernement se saisit du débat démocratique pour en faire un spectacle. Le Sénégal ne se gouverne pas au théâtre. Un plan de redressement économique et social, qui implique des arbitrages budgétaires, fiscaux, sociaux et structurels, doit être présenté à la représentation nationale. C’est devant les députés que le Premier ministre doit répondre, c’est dans l’hémicycle que les choix doivent être justifiés et c’est dans la transparence que les arbitrages doivent être assumés», a-t-il expliqué.
Le leader du mouvement Agir-les leaders dit d’attendre le contenu de ce plan entaché par les vices de procédure dès son lancement.
«Les Sénégalais, en dehors des débats institutionnels, demandent à sortir de cette situation économique devenue insoutenable pour les ménages, étouffante pour le tissu productif et périlleuse pour la stabilité sociale» a laissé entendre l’ancien parlementaire.