Dakar, 19 août (SL-INFO) – À Dakar, un phénomène social émerge : les femmes de ménage maliennes sont de plus en plus sollicitées au détriment des employées sénégalaises. Seneweb a interrogé des employeurs et des domestiques pour comprendre les raisons de cette préférence croissante pour la main-d’œuvre étrangère.

Une main-d’œuvre perçue comme plus flexible.

Fatimata Sow, mère de trois enfants et cadre dans une ONG, résidant à la cité Mbackiyou Faye à Ouakam, explique son choix : « J’ai employé des Sénégalaises, mais j’ai eu des problèmes d’absences fréquentes pour des cérémonies ou des week-ends, et le travail n’était pas satisfaisant. Je payais 100 000 FCFA par mois, trop cher pour le service. Depuis que j’ai recruté Kadidiatou, une Malienne, tout va mieux. Elle vit chez nous, travaille tous les jours, même les jours fériés, pour moins cher. »Rosali Diallo, professeure d’anglais à Sacré-Cœur Mermoz, renchérit : « Les Sénégalaises demandent des salaires élevés – 75 000 FCFA pour le ménage, 60 000 pour la cuisine, 60 000 pour le linge – et refusent souvent de cumuler les tâches. Avec les agences, elles négocient des jours de congé, comme les lundis ou samedis, ce qui complique l’organisation. J’ai vécu des départs soudains de deux employées en pleine année scolaire, pendant ma grossesse. Depuis, j’emploie deux Maliennes, fiables et sans absences.

J’ai conseillé à mes proches d’éviter les agences sénégalaises et de recruter directement au Mali. »Kadidiatou Traoré, une Malienne de 26 ans travaillant à la cité Asecna à Ouakam, témoigne : « Je vis chez ma patronne sénégalaise et travaille tous les jours sauf le dimanche après-midi. Elle me paie 50 000 FCFA par mois. C’est mieux que la vie difficile au village au Mali. Mes parents m’ont confiée à elle, et avec mon salaire, je les soutiens. ».

Une concurrence qui divise.

Les Maliennes séduisent par leur disponibilité, leur acceptation de salaires plus bas (50 000 à 75 000 FCFA contre 100 000 à 150 000 FCFA pour les Sénégalaises) et leur polyvalence, travaillant même pendant les fêtes. Cette tendance, motivée par des raisons économiques et pratiques, crée une concurrence accrue avec les domestiques sénégalaises, qui revendiquent de meilleures conditions via les agences de placement.Awa Faye, employée de ménage sénégalaise, défend sa profession : « Certaines patronnes veulent payer moins et comparent nos salaires aux Maliennes, mais nous refusons d’être sous-payées. Les agences nous protègent, garantissant des tâches définies – ménage, cuisine ou linge – et des salaires justes. On nous demande parfois de tout faire dans de grandes maisons pour 50 000 ou 60 000 FCFA, c’est inhumain. Nous sommes des mères de famille avec des responsabilités. »..

Une précarité méconnue.

Si les Maliennes sont perçues comme ponctuelles et dévouées, leur situation est précaire. Souvent recrutées sans contrat formel, elles cumulent des tâches non prévues et des heures supplémentaires non rémunérées, sans protection sociale ni recours légal. En revanche, les Sénégalaises, mieux informées de leurs droits, privilégient les agences pour bénéficier de garanties.Ce phénomène révèle les failles du système d’emploi domestique à Dakar. L’absence de réglementation inclusive expose les travailleuses étrangères à l’exploitation, tandis que les revendications des Sénégalaises pour des conditions justes suscitent des tensions. Une réforme est nécessaire pour protéger toutes les employées de maison, quelles que soient leurs origines.

Seneweb

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