Dakar, 21 nov (SL-INFO) – Dans un texte adressé à L’Observateur, l’ancien président de la Cour d’appel de Kaolack, Ousmane Kane, répond aux récentes accusations du Premier ministre Ousmane Sonko visant certains magistrats. Pour rappel, lors de son «téra meeting», le chef de file du Pastef, parti au pouvoir, avait accusé des magistrats promus sous l’ancien régime de Macky Sall de saboter le travail de reddition des comptes engagé par son gouvernement.
Selon Ousmane Kane, le chef du gouvernement « s’est trompé ». Il affirme en effet que : « Depuis la première réunion du Conseil supérieur de la magistrature présidée par le Président Bassirou Diomaye Faye, la dernière à laquelle j’ai pris part, tous les magistrats occupant des postes importants sous l’ancien régime ont été remplacés ».
L’ancien magistrat détaille les changements intervenus à la Cour suprême, à la Cour d’appel de Dakar, au Pool financier et au Tribunal de grande instance de Dakar. De nouveaux responsables ont été nommés à tous les postes sensibles : Premier président et Procureur général à la Cour suprême, dirigeants de la Cour d’appel de Dakar, ainsi que les principaux juges d’instruction et procureurs du Pool financier et du TGI de Dakar.
Il résume : « Sauf si le ministre de la Justice s’est trompé dans son casting, aujourd’hui tous les postes sensibles de la magistrature sont occupés par des magistrats de son choix. »
Kane reconnaît toutefois que Sonko n’a pas toujours été traité équitablement par la justice. Il cite notamment les anomalies de son procès en appel pour diffamation contre Mame Mbaye Niang : l’appel du ministère public dans une affaire relevant du domaine privé, une procédure accélérée inhabituelle, puis l’aggravation de la peine de deux à six mois d’emprisonnement – une décision qualifiée de « précédent unique », qui a rendu Sonko inéligible.
Pour autant, rappelle-t-il, si la magistrature peut être critiquée, la posture du Premier ministre « aurait dû le dissuader de s’attaquer publiquement à un corps qu’il a aujourd’hui les moyens politiques de réformer », afin d’éviter que de telles injustices ne se reproduisent, y compris au profit de son propre camp.
