Dakar, 24 nov (SL-INFO) – Alors que l’affaire Nogaye Thiam a émergé sur fond de tensions familiales et de suspicions d’agression, une cardiologue met en lumière un élément clinique potentiellement capital : six frères de la défunte seraient décédés brutalement avant elle. Pour la cardiologue Oumou Kébé, cette récurrence n’est pas un fait divers, mais un signal médical majeur pointant vers une possible mort subite d’origine familiale.
« Quand la tragédie se répète dans une famille, il faut penser à la mort subite héréditaire », affirme la docteure Kébé. Elle insiste sur la distinction fondamentale entre la rumeur et l’explication scientifique « Quand la tragédie se répète dans une famille, la médecine nous rappelle une vérité simple : certaines maladies cardiaques héréditaires provoquent des morts soudaines, totalement indépendantes de toute violence », explique-t-elle.
La cardiologue souligne que ces situations créent souvent l’illusion d’un acte criminel, surtout dans un environnement conflictuel, car la mort est brusque, silencieuse, et parfois « déclenchée par le stress, la peur, une dispute ou une émotion forte ».
« Quand on découvre une série de morts brutales dans une même lignée, ce n’est plus la dispute qui tue : ce sont les gènes », ajoute-t-elle, insistant que la maladie génétique peut tuer « parfois à la moindre émotion forte ».
Le Dr Kébé liste plusieurs pathologies cardiaques familiales susceptibles d’entraîner des décès soudains, souvent sans aucun signe annonciateur.
Elle évoque les cardiomyopathies familiales, dont la Cardiomyopathie hypertrophique (cause n°1 de mort subite héréditaire), la Cardiomyopathie arythmogène et la Cardiomyopathie dilatée familiale.
La cardiologue mentionne également les maladies électriques du cœur (canalopathies) : « Le cœur semble normal, mais son système électrique est instable : Syndrome du QT long, Syndrome de Brugada, Tachycardies ventriculaires familiales », dit-elle. Dans ces familles, une même phrase reviendrait souvent : « Il est tombé… il s’est éteint… il dormait… ».
Pour la spécialiste, l’enjeu est désormais de protéger les membres survivants de la famille : « Quand plusieurs membres d’une même famille s’éteignent de la même façon, la médecine ne parle pas de crime, mais de mort subite héréditaire… Pour sauver les survivants, il faut un dépistage familial : ECG, échographie, Holter, IRM, génétique. »
Elle insiste sur le caractère urgent de l’alerte : « Ce n’est pas un drame qu’il faut taire : c’est une alerte familiale qui peut sauver des vies ».
Le dépistage familial est une recommandation internationale et doit s’adresser à tous les membres du premier cercle, même asymptomatiques. Les bilans recommandés comprennent l’ECG, l’échographie cardiaque, le Holter ECG 24–72h, l’IRM cardiaque et l’analyse génétique.
Si la maladie est confirmée, des solutions existent pour prévenir une mort subite (médicaments anti-arythmiques, gestion des facteurs déclenchants, Défibrillateur implantable (DAI) pour les cas à haut risque, et suivi régulier).
