Dakar, 26 nov (SL-INFO) – Une lecture froide et dépassionnée doit être faite de la décision de la Cour d’appel de Versailles, dans l’affaire opposant l’État du Sénégal à Madiambal Diagne. Il s’agit bien de l’État du Sénégal à qui les juges français de Versailles ont demandé des éléments probants complémentaires à leur demande d’extradition. En d’autres termes, pour les juges, le contenu du dossier transmis par la justice du Sénégal est insuffisamment argumenté en droit devant les éléments de réponse de Madiambal, pour justifier son extradition.
D’où le cri triomphaliste de ce dernier : » Une belle leçon de justice au Sénégal. » Ce Sénégal des grands magistrats comme Kéba Mbaye, Isaac Forster, Ousmane Goundiam, qui ont montré à la face du monde la qualité de nos magistrats et de notre justice, déjà à l’aube de notre indépendance. Cette qualité a été maintenue jusqu’à la consécration par le choix fait du Sénégal par la communauté internationale, à travers la tenue, à Dakar, des premières audiences des Chambres africaines extraordinaires.
On est aujourd’hui tenté de s’interroger sur la qualité de cette flamme léguée par ces illustres anciens, depuis l’affaire Karim Wade, notamment devant le Comité des Droits de l’homme des Nations Unies. Les fortes recommandations de ce dernier dans cette affaire nous ont amené, dans un article publié par le journal « le Quotidien » du 4 novembre 2018 ( https://lequotidien.sn/ce-quil-faut-savoir-du-comite-des-droits-de-lhomme/ ) à faire des propositions pour la réforme de la CREI, dans le sens qui s’est réalisé en définitive, avec l’institution du Pool judiciaire financier.
C’est donc en toute légitimité et avec le même engagement dans la contribution citoyenne au renforcement de l’État de droit, que nous tirons la sonnerie s’alarme pour que notre justice ne fasse pas pâle figure devant la communauté internationale et les bailleurs en particulier.
Cette décision de la CA de Versailles doit être perçue comme (pour parler comme au football) un carton jaune après l’avertissement verbal de la levée de la mesure de contrôle judiciaire sur Madiambal Diagne. L’image du Sénégal et le prestige de sa justice valent plus qu’un quelconque procès, surtout quand le processus de poursuites prend des allures aussi polémiques.
Il faut donc juger le plus rapidement possible ceux qui sont en détention préventive, dans le strict respect des délais prescrits par le Code de procédure pénale et montrer, de ce fait, des signes de justesse et d’équité de notre justice, comme le demandent les juges de Versailles, mais aussi la société civile sénégalaise. Les réformes de la justice qu’elle a soutenues, en particulier la mise en place du juge des libertés, doivent être engagées au plus tôt.
