Dakar, 13 Oct (SL-INFO) – Un pas de plus vers la politisation de la gouvernance de nos entreprises publiques avec le Cercle des Administrateurs Publics (CAP) qui vient d’être porté sur les fonts baptismaux par des administrateurs nommés par le nouveau gouvernement. Cette nouvelle entité, un «machin» de plus, brille par la coloration politique des personnes qui le portent. Cela ne rassure pas, car la gestion des deniers publics ne s’accommode pas de couleur politique si elle se voudrait efficace, transparente, équitable et respectueuse des lois.
Un «machin» inutile, car il existe déjà un écosystème qui bouge, qui réfléchit et qui agit pour promouvoir la gouvernance des entreprises sénégalaises en général et celle des entreprises publiques en particulier une réalité.
Inutile, ce «machin» l’est, car il existe déjà des corps de contrôle et des structures qui sont chargés de réaliser une partie de l’objet qui justifie la mise sur pied du CAP : idenfier les pratiques, proposer celles qui sont bonnes, soutenir la modernisation de la gouvernance au Sénégal, etc.
L’inutilité de ce «machin» saute aux yeux lorsque celui-ci se donne comme mandat, entre autres, de «vulgariser les politiques publiques du gouvernement pour apporter la bonne information aux populations», de «constituer une source de propositions et d’initiative pour les pouvoirs publics» et de «soutenir la modernisation et la bonne gouvernance dans les établissements publics». Est-il besoin de rappeler qu’il existe des structures dont c’est le rôle principal et qui disposent de toutes les ressources (en termes de compétences) pour cela.
Il est important de rappeler que la politisation de tout et de rien fait partie de nos tares et entrave notre développement. Ces nouveaux administrateurs ont intérêt à prendre le temps et la peine de lire et de comprendre les nombreux rapports de l’IGE et de la Cour des comptes, par exemple, qui ont identifié les pratiques à ne pas faire et les moyens de correction des entorses relevées dans la gouvernance de nos entreprises publiques. Ils ont également intérêt à s’intégrer dans la dynamique de l’Institut Sénégalais des Administrateurs (ISA), crée en 2006, par des administrateurs de sociétés, des chefs d’entreprises, des responsables de la gestion du portefeuille de l’État et tant d’autres. L’ISA a déjà travaillé à la mise en place d’un code de gouvernance des entreprises. Ce sont ces initiatives qu’il faudrait renforcer au lieu de verser dans une politisation politicienne des fonctions que le gouvernement leur a confiées.
Pr Cheikh Faye
