Kidira, 05 août (SL-INFO) – Le département de Kidira, dans la région de Tambacounda (est), se trouve grandement impacté par la problématique des grossesses multiples, des accouchements et des avortements, des maux qui amplifient, dans cette contrée, l’ampleur des défis liés à la santé maternelle et infantile.

Le poste de santé de Daharatou, situé à 25 kilomètres de Kidira, est l’un des plus touchés par cette situation induite par la persistance de certaines pratiques comme le mariage précoce et les grossesses rapprochées. 

Il s’y ajoute que l’état défectueux des infrastructures ne contribue pas à une prise en charge adaptée des malades, a-t-on appris sur place, dans le cadre d’une caravane organisée du 28 au 31 juillet, par l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD).

Cette caravane a permis aux journalistes concernés de s’enquérir de la situation de la santé maternelle et infantile dans cette partie du Sénégal oriental frontalière de quatre pays, où des défis sanitaires sont encore à relever en dépit de nombreux efforts enregistrés.

“Dès l’âge de 12 ans, les filles sont données en mariage, c’est une coutume ici. C’est elles-mêmes qui vont faire les accouchements à domicile”, renseigne Dieynaba Sow, la sage-femme de Daharatou.

Cela se voit devant le bureau de l’infirmier chef de poste (ICP), un espace ne pouvant accueillir pas plus d’une vingtaine de malades, où de très jeunes femmes attendent leur tour pour une consultation prénatale.

Corps frêles supportant le poids de la grossesse, certaines d’entre elles, portant leur bébé sur le dos, foulards bien noués, attendent de voir la sage-femme.

Le visage innocent, Famata Ba, ne semble pas encore sortie de l’adolescence. “J’amène mon bébé pour le faire vacciner. J’ai 18 ans, je suis mariée depuis 3 ans”, renseigne Mme Ba.

Une autre dame, Mariama Diouldé Diallo, bébé entre les mains, légèrement plus âgée que Famata Ba, mariée depuis 5 ans, en est à son troisième enfant.

Le bébé qu’elle tient n’a pas dormi de la nuit, ne pouvant plus supporter les pleurs, elle est venue le faire consulter.

“Les mariages précoces, fréquents dès 12 ou 13 ans, provoquent des accouchements dystociques. Les jeunes filles sont souvent mal nourries”, constate la sage-femme Dieynaba Sow.

Les accouchements dystociques sont des accouchements qui présentent des difficultés nécessitant une intervention.

Le poste de santé de Daharatou ne paie pas de mine, avec ses murs fissurés, ses toilettes insalubres dont les carreaux ont perdu leur blanche. Une structure qui manque de tout.

C’est dans ce bâtiment exigu et menaçant ruine, doté d’un toit en zinc, que ces jeunes femmes se font consulter. Ici, des caisses en plastique servent de berceaux.

L’infirmier chef de poste de Wouré Thierno, l’autre nom de Daharatou, un village de 7021 habitants, doit prendre en charge 1699 femmes en âge de procréer.

En cette période des pluies, les femmes enceintes sont exposées au danger, en raison de fissures visibles sur la bâtisse servant de salle d’accouchement.

“Lorsqu’il pleut, l’eau entre de partout. La salle est inondée de même que mon bureau”, confirme la sage-femme. Sans compter la présence de reptiles, une situation pas du tout idéale pour un établissement sanitaire.

“Nous craignons un effondrement du bâtiment. L’insécurité est totale. Ici, on retrouve souvent des serpents”, alerte Mme Sow.

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