Dakar, 25 juin (SL-INFO) – L’affaire secoue la République et défie la justice. À la croisée des intérêts publics et privés, l’ancien ministre Ismaila Madior Fall affronte, ce mercredi, ses anciens collaborateurs devenus accusateurs. En jeu : des accusations graves de corruption autour d’un marché public sensible, un échange financier contesté, et des témoignages contradictoires qui pourraient faire vaciller bien plus qu’une carrière.
Une confrontation judiciaire décisive s’annonce entre l’ancien ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall et ses deux anciens collaborateurs, Cheikh Gueye, entrepreneur, et Mohamed Anas El Bachir Wane, ex-directeur des Constructions du ministère.
Poursuivis dans le cadre d’une affaire de corruption présumée liée à un projet de Centre de surveillance de bracelets électroniques estimé à 576 millions de francs CFA, les deux hommes ont été placés sous mandat de dépôt avant de bénéficier d’une liberté provisoire sous bracelet électronique.
Le cœur de l’affaire repose sur une assiette foncière attribuée au ministère pour des infrastructures judiciaires. Un protocole avait été signé entre le ministère et l’entreprise TCS, représentée par Cheikh Gueye, pour une réalisation sur fonds propres, en échange d’un paiement en nature (dation). Cheikh Gueye accuse l’ex-ministre d’avoir réclamé un pot-de-vin de 250 millions CFA, dont 50 millions auraient été remis en liquide dans son bureau, en présence de Mohamed Anas Wane. Ce dernier aurait confirmé les faits devant les enquêteurs.
Ismaïla Madior Fall, pour sa part, reconnaît avoir reçu l’argent, mais soutient l’avoir refusé en tant que « don » et retourné à son auteur.
Cette version est au cœur d’une passe d’armes judiciaire à forts enjeux éthiques et politiques. L’audience prévue au siège de la Commission d’instruction au Palais de justice de Dakar pourrait faire basculer l’affaire et lever le voile sur de possibles pratiques de corruption au sommet de l’État, rapporte L’Observateur.