Dakar, 16 Oct (SL-INFO) – Le ministère des Finances et du Budget, a rendu public son rapport d’évaluation des recettes budgétaires. Le document stratégique « Voies et Moyens », confirme l’ambition du Sénégal de financer son développement par ses propres ressources. Ce document est une annexe au projet de loi de finances (PLF) 2026, conformément à l’article 45 de la loi organique n°2020-07 du 26 février 2020 relative aux lois de finances. Il évalue le rendement et justifie l’évolution des recettes du budget général et des comptes spéciaux du Trésor.
La loi de finances pour l’année 2026 prévoit des recettes de 6 188,79 milliards FCFA, soit une hausse de 1 174, 46 milliards FCFA ou 23,42% par rapport à la loi de finances pour l’année 2025. Cette progression devrait être portée par les réformes fiscales et douanières et l’exploitation des hydrocarbures, dans une démarche de souveraineté budgétaire et de redressement des finances publiques. A ce titre, la recette de la loi des finances est calée à 6 188,79 milliards FCFA soit +23,0% par rapport à l’année précédente. Les ressources du budget général sont à 5 932,11 milliards FCFA soit+23,0%. Les recettes fiscales sont évaluées à 5 384,80 milliards FCFA soit +23,52%
L’objectif est de consolider la souveraineté économique et de hisser le pays au rang des économies à forte valeur ajoutée. Par ailleurs, le rapport souligne que les prévisions sont élaborées dans un contexte marqué par les incertitudes, mais que l’économie sénégalaise affiche une « résilience » notable, renforcée par le démarrage de l’exploitation pétrolière et gazière à Sangomar et GTA. La concrétisation de cette ambition repose sur le Plan de Redressement Économique et Social (PRES), baptisé « Jubbanti Koom ». Ce plan est l’épine dorsale de l’Agenda National de Transformation (ANT) et de la Stratégie Nationale de Développement (SND 2025-2029).
Le PRES poursuit trois objectifs majeurs notamment, « trouver de nouvelles ressources endogènes, retrouver définitivement les équilibres budgétaires avec un objectif de déficit budgétaire de 3% d’ici 2027 et accélérer la croissance et dégager une trajectoire descendante de la dette publique ». Pour y parvenir, l’État met en avant une liste d’investissements stratégiques de l’ANT, allant du « Grand Transfert d’Eau à la construction d’autoroutes (Dakar-Tivaouane-Saint Louis) et de logements sociaux ».
Des Mesures Fiscales et Douanières Inédites
La hausse massive des recettes attendue en 2026 se traduit par la mobilisation de 762,60 milliards FCFA de recettes additionnelles, issues des 37 mesures structurantes du PRES. Pour atteindre le seuil de 20% de taux de pression fiscale édicté par l’UEMOA, l’administration fiscale et douanière engage une série de réformes profondes, articulées autour de la Stratégie de Mobilisation des Recettes à Moyen Terme (SRMT).
Le Fisc cible l’économie numérique et les secteurs sensibles
Les Services des Impôts et domaines (SID) prévoient d’élargir agressivement l’assiette fiscale et d’accroître le rendement de l’impôt en « taxant les opérations de mobile-money et les jeux de hasard/paris en ligne pour capter l’économie numérique et informelle. Également en augmentant les droits d’accises sur l’alcool et le tabac, rendant systématique la communication d’informations entre les services publics (eau, électricité) et l’administration fiscale pour traquer les fraudeurs.
La Douane en Offensive Contre l’Évasion
L’administration douanière, elle, se concentrera sur l’optimisation de la surveillance et la lutte contre la fraude pour le rétablissement de la fiscalité douanière sur les importations d’appareils de téléphonie, le relèvement de l’âge d’importation des véhicules de transport, l’Institution d’un droit de sortie sur les exportations d’arachide et de noix brutes de cajou. Et l’achèvement de la dématérialisation des procédures de transit via le Système Interconnecté pour la Gestion des Marchandises en Transit (SIGMAT).
Les Impôts Directs, moteur de la croissance budgétaire
Les projections détaillées montrent que les recettes fiscales (5 384,80 Md FCFA) seront le principal moteur, portées par une forte progression des impôts directs. Les impôts sur les salaires sont notamment projetés en très forte hausse (+32,26%) grâce au renforcement de la conformité et à l’élargissement du portefeuille de contribuables.
En privilégiant les ressources endogènes, le Sénégal envoie un signal fort aux marchés financiers, tablant sur une croissance d’au moins 6,5% du PIB à moyen terme pour réaliser les ambitions de sa Vision 2050. Ce rapport « Voies et Moyens » n’est pas qu’un document technique ; c’est le plan d’action d’une nouvelle ère de la souveraineté financière sénégalaise.
Le document rappel également que le pays fait face à une situation financière préoccupante, caractérisée par une dette publique très élevée, atteignant 119% du PIB, un déficit budgétaire significatif de 12% en 2024.
Rappelant que la suspension du programme du FMI et la dégradation de la notation souveraine, rendant l’accès aux financements extérieurs plus difficile. Malgré ce contexte difficile, l’économie affiche une résilience remarquable, principalement tirée par l’exploitation des hydrocarbures avec une forte croissance de 7,8% attendue en 2025.
Selon le rapport, la croissance devrait se stabiliser à une moyenne de 5,5% sur la période 2026-2028, grâce au démarrage de la production pétrolière et gazière des gisements de Sangomar et GTA.
Le Gouvernement répond à ces défis par une stratégie ambitieuse de souveraineté et de transformation. La Vision Sénégal 2050 (« Sénégal souverain, juste et prospère ») sert de cap à long terme. Cette vision est mise en œuvre à travers la Stratégie Nationale de Développement (SND 2025-2029) et, de manière opérationnelle, par le Plan de Redressement Économique et Social (PRES), intitulé « Jubbanti Koom ». Ces cadres visent à restaurer les équilibres budgétaires et à accélérer une croissance autofinancée.
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