Dakar, 19 août (SL-INFO) – la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées (DNLT) a mis fin à un réseau d’escroquerie au visa, usurpation d’identité. Trois individus ont été déférés hier lundi, devant le parquet de Dakar pour « association de malfaiteurs, escroquerie au visa, usurpation d’identité, faux et usage de faux ». Il s’agit de Alioune Badara Diaw, agent de joueurs et président de l’académie Talent Foot basée à Grand-Médine ; Yaya Ba, ancien joueur professionnel affilié à Guédiawaye Football Club entre 2014 et 2024 ; et Amadou Ly dit « Coach Am », entraîneur de football exerçant également dans un multiservices situé à Guédiawaye. Le trio a été arrêté à la suite d’une minutieuse enquête menée par la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées (DNLT).

Selon Libération du mardi 19 août, tout est parti de la plainte déposée par Abdou Rahmane Diack contre Alioune Badara Diaw. Il a expliqué que, courant 2024, son frère aîné avait contacté Diaw pour intégrer son cadet, Abdou Khadre Diack, dans des tests de présélection organisés par l’académie. Diaw avait exigé 100.000 F CFA pour les frais d’inscription, ainsi qu’un montant identique pour les mensualités. Mais peu après, il proposa de verser 3,5 millions de F CFA afin d’obtenir à Abdou Khadre Diack des tests de présélection à l’international, notamment en Italie.

Convaincu, Abdou Rahmane Diack lui remit un chèque de 2 millions de F CFA, 500.000 F CFA via un transfert mobile, ainsi que 217.000 F CFA pour « frais et démarches de visa ». Depuis ce jour, Alioune Badara Diaw est resté introuvable.

 Trafic de faux documents

Les enquêteurs découvrirent ensuite une autre plainte contre Diaw, déposée par Ismaïla Mané. Celui-ci affirma qu’en février 2025, Diaw lui avait promis un visa pour la France au profit de sa belle-sœur, en contrepartie de 1,246 million de F CFA. Après avoir encaissé l’argent, Diaw disparut de nouveau.

L’enquête a révélé une escroquerie massive. Le footballeur Malick Ndiaye s’est également constitué partie civile, expliquant avoir rencontré Diaw au stade de Ngor. Ce dernier lui avait promis un visa Schengen contre 4 millions de F CFA, versés en deux tranches (3 millions puis 1 million). Malick Ndiaye, qui lui avait remis son passeport, n’a plus jamais revu ni l’argent ni son document de voyage.

Interpellé, Alioune Badara Diaw reconnut connaître les victimes, mais soutient avoir remis les fonds à Yaya Ba, qui lui avait promis une commission de 5 millions de F CFA. Il affirma que ce dernier disposait d’un contact en France, prénommé Mark. Mis devant ses contradictions, il finit par admettre que ce fameux Mark était une invention de Yaya Ba.

De son côté, Yaya Ba tenta d’abord de nier, prétextant que l’argent des victimes était destiné à un certain Mark Bilcon. Mais une perquisition chez lui permit aux policiers de découvrir un cachet de l’académie Talent Foot, qu’il reconnut avoir reçu de Diaw. Sur son téléphone, plusieurs faux documents (rendez-vous de dépôt de visa, actes d’état civil, etc.) furent retrouvés. Acculé, il avoua que ces documents étaient confectionnés par Amadou Ly alias « Coach Am », à qui il versait entre 20.000 et 30.000 F CFA par document. Il reconnut également avoir remis à Diaw une partie des sommes collectées.
L’enquête révéla que « Coach Am » produisait pour Yaya Ba :  de fausses attestations d’Askia Assurance facturées 15.000 F CFA, de fausses invitations d’académies de football européennes, de faux virements émanant d’un certain Paul Férine au profit de Diaw, de faux certificats de nationalité à 100.000 F CFA pour les Guinéens Mamadou Boye Diallo et El Hadji Mamadou Bah, entre autres.

Une entreprise lucrative

L’entreprise était particulièrement lucrative. Rien que Yaya Ba aurait empoché 22 millions de F CFA, somme qu’il dit avoir dilapidée « entre les filles et les jeux de hasard sur 1Xbėt ». Il supplia ensuite la justice de faire preuve de clémence, expliquant que la fin prématurée de sa carrière, suite à une blessure, l’avait « traumatisé ».

Les policiers interpellèrent ensuite Amadou Ly près de son domicile. La perquisition permit de découvrir une importante quantité de faux documents : carnets de suivi médical, cartes d’identité sénégalaises, extraits de naissance déjà remplis ou en blanc provenant de Guédiawaye, Médina Gounass, Mbour, etc., un jugement d’autorisation d’inscription de naissance au nom du tribunal de Podor, ainsi qu’un protocole affilié à la Fédération sénégalaise de football.

Face aux preuves, « Coach Am » passa aux aveux. Il alla même jusqu’à révéler avoir confectionné de faux certificats de nationalité au profit de Bouna Coundoul, ancien gardien de but de l’équipe nationale, ainsi qu’à ses frères Abdoulaye Coundoul et Mouhamadou Lamine Coundoul.

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