Dakar, 31 Oct (SL-INFO) – Les acteurs des médias sénégalais se sont retrouvés, ce jeudi, dans les locaux de la 7TV, pour exprimer leur solidarité à leurs confrères Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall, récemment arrêtés avant d’être relâchés. Dans son intervention fort remarquée, le président de l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (APPEL), Ibrahima Lissa Faye, n’a pas mâché ses mots à l’égard du ministre de la Communication et du gouvernement, dénonçant “des arrestations arbitraires” contraires au droit et à la liberté d’informer.
« Nous avons relu tout l’arsenal juridique sénégalais et les conventions internationales : nulle part, il n’est interdit d’interviewer une personne en conflit avec la loi. Même CNN avait interviewé Ben Laden. C’est à la rédaction de décider de diffuser ou non une information, pas à l’État de dicter la ligne éditoriale », a-t-il martelé.
Très critique envers le pouvoir, Ibrahima Lissa Faye a fustigé “les dérives autoritaires” visant la presse et rappelé que les journalistes n’ont de comptes à rendre qu’à la loi et à leur conscience professionnelle.
« Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous dicte notre conduite. La presse n’est ni contre ni pour un camp politique. Elle est là pour informer, pour servir le droit du public à l’information ».
Il a également rappelé que la couverture médiatique des activités de l’État prouve la bonne foi du secteur. « Une étude menée par la CAP montre que l’État, le président Diomaye Faye et Ousmane Sonko figurent parmi les acteurs les plus cités par la presse. Cela prouve que nous faisons notre travail en toute objectivité ».
« Le ministre de la Communication ne nous parle pas »
Le ton est monté d’un cran, lorsque le président de l’APPEL a évoqué la gestion du secteur par le ministère de la Communication. « Depuis l’installation du nouveau gouvernement, aucun conseil interministériel n’a été consacré à la presse. Ni le président de la République ni le Premier ministre ne nous ont reçus. Et notre ministre de tutelle ne nous parle pas. Il nous ignore complètement. Quand nous lui écrivons, il ne répond pas », a-t-il fustigé.
Selon le patron de PressAfrique, plusieurs entreprises de presse font face à plus de 16 mois d’arriérés de paiement, tandis que le fonds d’aide à la presse, pourtant voté et viré au ministère depuis 2024, n’a toujours pas été distribué.
« Le ministère est incapable de gérer les fonds et de finaliser les réformes annoncées. Même la liste des médias conformes au Code de la presse n’a jamais été publiée. C’est une situation intenable », a déploré Lissa Faye.
Un appel solennel au président Diomaye Faye
En conclusion, il a lancé un message direct au chef de l’État et à son Premier ministre. « Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, prenez vos responsabilités. Le secteur des médias traverse une crise sans précédent. Ouvrez le dialogue avec les acteurs. La presse n’est pas un ennemi, c’est un pilier de la démocratie ».
