Dakar, 25 juillet (SL-INFO) – Consommée quotidiennement à travers le café, le thé, les boissons énergisantes ou les sodas, la caféine pourrait affecter la fertilité, selon le gynécologue Moustapha Thiam. Lors d’un webinaire organisé par la Fondation Merck, en partenariat avec la Première dame du Sénégal et l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD), il a alerté : « Attention à nos habitudes alimentaires, même les plus banales. » La fertilité, explique-t-il, est influencée par de nombreux facteurs comme l’alimentation, le tabac, l’alcool, le stress, la pollution et la caféine. « Une consommation excessive de caféine peut altérer la qualité des ovules chez la femme et réduire la mobilité des spermatozoïdes chez l’homme », précise le Dr Thiam, président de la Société sénégalaise de médecine de la reproduction (SOSEMERE).
La dose fait le poison
Sans diaboliser le café ou le thé, les études montrent qu’au-delà de 300 mg de caféine par jour, soit environ 2 à 3 tasses de café fort, les risques d’infertilité augmentent. Chez les femmes, la caféine peut perturber l’ovulation et accroître les risques de fausses couches. Chez les hommes, elle peut affecter la qualité du sperme. « Ce n’est pas la tasse du matin qui pose problème, mais l’accumulation de café, sodas et boissons énergisantes, souvent consommés à outrance, surtout par les jeunes », souligne le spécialiste.
Dans un contexte où l’infertilité masculine reste taboue, les facteurs environnementaux et alimentaires sont souvent négligés. Pourtant, selon le Dr Thiam, « un mode de vie malsain, sédentarité, malbouffe, excès de caféine ou de sucre altèrent la production spermatique. Les spermatozoïdes sont très sensibles à leur environnement. » Ce constat appelle une sensibilisation accrue, notamment auprès des jeunes qui consomment excessivement des boissons énergisantes ou du café pour lutter contre le stress ou la fatigue.
Changer ses habitudes
« Il est urgent d’informer sur les risques invisibles liés à des produits du quotidien. La fertilité est précieuse, fragile et dépend de choix simples », insiste le Dr Thiam. Il recommande de modérer la consommation de caféine, d’adopter une hygiène de vie saine et de consulter un spécialiste en cas de difficultés à concevoir. Au Sénégal, comme dans de nombreux pays africains, les cas d’infertilité augmentent. « En parler, c’est briser les tabous et offrir à chaque couple une chance de réaliser son désir d’enfant. La prévention, l’information et l’accès à des soins spécialisés sont essentiels. Parfois, tout commence par un geste simple : surveiller sa consommation de café », conclut-il.
