Dakar , 25 Mars (SL-INFO) – L’École Nationale de Développement Sanitaire et Social (ENDSS) est plongée dans une crise majeure. Dans un communiqué publié ce lundi 24 mars 2025, les enseignants annoncent la suspension des cours pour dénoncer les conditions de travail, la gestion opaque de l’établissement et les conséquences du rattachement à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) par le décret 2023-347 du 21 février 2023.
Les enseignants déplorent un « vide institutionnel total » depuis le rattachement à l’UCAD. Bien que le décret d’organisation et de fonctionnement ait été validé par le Conseil d’Administration de l’UCAD le 5 janvier 2024, il n’a toujours pas été signé, privant les enseignants permanents de leurs anciens avantages sous le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale (MSAS) tout en les empêchant de s’intégrer pleinement à l’UCAD. « Nos droits ont été suspendus sans explication, et nous n’avons aucune visibilité sur notre avenir professionnel », fustige le communiqué.
Retards de paiement et opacité financière
Les enseignants vacataires dénoncent des retards récurrents dans le paiement de leurs vacations, plafonnées à 20 heures quel que soit le volume réel effectué. « Les fonds alloués aux vacations semblent disparaître mystérieusement après leur annonce », accusent-ils, réclamant un audit indépendant sur la gestion financière de l’ENDSS. Ils s’interrogent également sur l’absence de virements bancaires, qui garantiraient transparence et traçabilité, et pointent du doigt une possible malversation.
Conditions de travail intenables
Le personnel enseignant a drastiquement diminué, passant de 67 en 2012 à 34 en 2025, sans remplacement des départs à la retraite ou des décès. Cette réduction entraîne une surcharge de travail, aggravée par un manque de matériel pédagogique et administratif. « Nous devons acheter nos propres ordinateurs et imprimantes pour assurer les cours. Les indemnités de coordination et de motivation ont été supprimées sans explication », déplorent les enseignants. Malgré les revenus générés par les frais d’inscription et les formations payantes, la gestion financière reste opaque, sous le contrôle exclusif du directeur.
Une gouvernance autoritaire mise en cause
Le collectif des enseignants accuse le directeur, nommé selon eux pour des raisons politiques, d’instaurer un climat de tension et d’exclusion. « Il méprise les enseignants, remet en cause leurs compétences et cherche à prolonger son mandat malgré un bilan marqué par des abus de pouvoir », affirme le communiqué. Les enseignants exigent son départ, ainsi que des mesures concrètes : la signature immédiate du décret d’organisation, un audit indépendant, le paiement intégral des vacations et la restitution des primes supprimées .
En attendant une réaction des autorités, les enseignants maintiennent la suspension des cours et appellent à une mobilisation pour défendre leurs droits. Cette crise intervient dans un contexte tendu pour l’enseignement supérieur au Sénégal, marqué par des grèves récurrentes, comme celles de l’UCAD en 2024 pour des retards de salaires ou de bourses.