Saint-Louis, 24 déc(SL-INFO) – Monsieur le Maire,
Il est des moments rares où une ville doit faire corps avec son histoire et se hisser à la hauteur de ce qu’elle représente. Saint-Louis du Sénégal se trouve aujourd’hui à l’un de ces tournants décisifs.
L’UNESCO s’apprête à attribuer pour 2027 l’organisation d’un Festival international de Jazz, un événement mondial dédié à l’un des patrimoines musicaux les plus universels. En Afrique subsaharienne, une évidence s’impose : Saint-Louis est le berceau naturel du jazz.
Bien avant la reconnaissance institutionnelle de ce genre musical, Saint-Louis vivait déjà au rythme du jazz. Brass bands, clubs mythiques, orchestres légendaires, voix emblématiques comme celle d’Aminata Fall : ici, le jazz n’a jamais été importé, il a été vécu, transmis, réinventé. Il fait partie intégrante de notre mémoire collective et de notre identité culturelle.
Ville classée Patrimoine mondial, Saint-Louis incarne depuis des siècles un esprit cosmopolite, une créativité et une ouverture sur le monde qui font écho aux valeurs mêmes portées par l’UNESCO. Il serait d’une cohérence historique et culturelle forte que la première ville d’Afrique subsaharienne à accueillir ce festival soit précisément celle qui a su préserver et projeter un tel héritage.
Notre cité dispose, par ailleurs, d’une expérience incontestable. Le Festival de Jazz de Saint-Louis a longtemps été l’un des événements culturels majeurs d’Afrique de l’Ouest, attirant artistes internationaux, médias, diplomates et visiteurs du monde entier. Là où d’autres évoquent des intentions, Saint-Louis peut produire des preuves.
À cela s’ajoute un atout unique : le jumelage historique avec Saint-Louis (Missouri, États-Unis), l’un des hauts lieux du jazz américain. Ce lien transatlantique confère à notre ville une dimension symbolique et internationale sans équivalent sur le continent.
Après Chicago en 2026, l’Afrique doit accueillir ce festival. Mais pas n’importe où. Il doit venir là où l’histoire l’appelle, là où la mémoire musicale l’attend : à Saint-Louis du Sénégal.
Monsieur le Maire,
il vous revient aujourd’hui de prendre l’initiative, de fédérer le Conseil municipal, les acteurs culturels, les universitaires, la jeunesse et la diaspora autour d’un objectif clair : déposer et défendre officiellement la candidature de Saint-Louis auprès de l’UNESCO.
L’heure n’est plus à l’hésitation.
L’heure n’est plus à l’attentisme.
L’heure est à l’acte politique et culturel fort.
Parce que nul n’est mieux placé que Saint-Louis pour accueillir ce festival.
Parce que cette ville tricentenaire a porté le jazz avant même qu’il ne soit consacré.
Parce que nous le devons à notre histoire, à nos enfants et à la dignité culturelle de Ndar.
Saint-Louis doit être candidate.
Saint-Louis doit assumer son rang.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération citoyenne.
Baba Aidara
Citoyen de Ndar
