Dakar, 05 août (SL-INFO) – Ce mardi, le Conseil des ministres libanais doit se prononcer sur le désarmement du Hezbollah. Le parti politique, également milice proche de l’Iran, est largement affaibli depuis sa guerre avec Israël, mais dispose toujours d’armes. Condition à un cessez-le-feu avec Israël, ce désarmement est officiellement en négociation depuis des mois. Mais qu’en est-il réellement des stocks du Hezbollah ? Peu importe les sources interrogées, la réponse à la question de ce qu’il reste du stock d’armes du Hezbollah reste globalement la même : pas grand-chose. Le Hezbollah, dont le désarmement – point central des négociations pour le cessez-le-feu entre le parti milice libanais et Israël – a connu de lourdes pertes matérielles dans sa guerre avec Israël, qui a officiellement pris fin en novembre dernier. Mais quels stocks d’armes lui reste-t-il vraiment, alors qu’un Conseil des ministres doit décider ce mardi de son désarmement complet et définitif ?
Avant la guerre, le mouvement chiite brandissait avec fierté le chiffre d’une réserve de 150 000 missiles. Durant la guerre, il en a tiré 40 000, selon un décompte du média local This Is Beirut. Et à la fin du conflit, Tel Aviv avait affirmé avoir détruit jusqu’à 80% du stock d’armes de la milice. Mais depuis, le Hezbollah a-t-il eu les moyens de se réarmer ?
Des possibilités de réarmement des limitées et une pression américaine
Probablement très peu. D’abord, le parti reste chassé par l’armée israélienne, qui ne respecte pas l’accord de cessez-le-feu et poursuit ses bombardements dans le sud du Liban de manière sporadique. Elle est d’ailleurs toujours présente sur le territoire libanais sur cinq positions qu’elle tient toujours. Aussi, les routes syriennes où passaient la plupart des armes du Hezbollah est désormais impraticable depuis la chute de BaChar el-Assad.
Jeudi, le président libanais Joseph Aoun a exprimé la détermination de son pays, toujours soumis à une intense pression américaine sur ce sujet, à désarmer le Hezbollah. Le désarmement du Hezbollah est au cœur de l’action et du discours diplomatiques américains depuis de longues années, mais c’est la première fois que les États-Unis mettent une telle pression sur les autorités libanaises pour qu’elles engagent un processus de démilitarisation de la formation politique chiite, explique notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
Washington estime que les nouveaux rapports de force régionaux n’ont jamais été aussi défavorables à l’Iran et ses alliés et part du principe qu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Les émissaires américains en visite à Beyrouth se montrent intransigeants envers les dirigeants libanais et réclament des mesures concrètes, alors que jusqu’ici, la stratégie libanaise consistait à gagner du temps.
Demander le départ d’Israël puis désarmer le Hezbollah, ou désarmer le Hezbollah pour faire partir Israël ?
Ce qui explique notamment que l’armée nationale libanaise, qui avait participé au démantèlement des infrastructures du Hezbollah dans le sud du pays, s’est depuis déployée pour tenter d’empêcher les importations d’armes, notamment à l’aéroport de Beyrouth. Reste que ce désarmement fait toujours l’objet d’un vif débat politique au Liban, où la priorité semble demeurer le départ des troupes israéliennes du sud du pays.
Si Joseph Aoun a affirmé que le désarmement est inéluctable, le président libanais a cependant exigé qu’il se fasse à certaines conditions : le retrait israélien du territoire libanais, de l’arrêt des assassinats ciblés de cadres du Hezbollah et des violations de la souveraineté, et, enfin, de la libération des détenus libanais en Israël. Dans sa réponse remise lundi aux autorités libanaises, l’émissaire américain Thomas Barrak a inversé l’ordre des priorités : le Hezbollah doit d’abord désarmer conformément à un calendrier précis avant toute discussion autour des autres questions.
