Dakar, 15 nov (SL-INFO) – À l’heure où les médias sénégalais traversent une crise économique profonde, la question de la liberté d’informer revient au centre du débat public. C’est dans ce contexte que la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), en partenariat avec la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS), organise ce samedi 15 novembre 2025 une rencontre sur le thème : « Liberté d’information face à la crise économique dans un État de droit ». L’événement réunit journalistes, experts et acteurs du secteur pour analyser les risques qui pèsent sur l’indépendance de la presse et les conditions d’exercice du métier.
Prenant la parole à l’ouverture, Mamadou Diagne, président de la CJRS, a rappelé la fragilité actuelle du secteur et la nécessité d’un sursaut collectif. « Il est vrai que les reporters font face à de nombreux défis. Au-delà des reporters, c’est toute la profession qui est touchée, au Sénégal comme dans plusieurs pays africains », a-t-il déclaré, soulignant que « les difficultés économiques menacent directement la pluralité éditoriale et renforcent la vulnérabilité aux pressions politiques ou financières. »
Pour M. Diagne, multiplier les rencontres de réflexion n’est pas superflu. « Il est toujours nécessaire de s’asseoir et de discuter. C’est en réfléchissant ensemble que nous trouverons les bonnes voies pour résoudre nos problèmes », a-t-il insisté, tout en exhortant les professionnels à prendre leur part de responsabilité : « Notre apport personnel, en tant qu’acteurs du secteur, est déterminant pour relever les défis. Nous devons avoir conscience que c’est d’abord à nous de nous tenir debout, soudés, et d’apporter des solutions. »
Le président de la CJRS a également tenu à encourager les journalistes, éprouvés par la précarité croissante : « Je partage toute leur peine et leur découragement face aux difficultés actuelles. Mais si ce découragement s’explique, il ne saurait se justifier. Nous avons choisi un métier de lutte et de combat. » Et de rappeler l’ambivalence de la place des journalistes dans la société : « Tout le monde peut tirer sur les journalistes, mais tout le monde compte sur les journalistes. »
La CJRS dit vouloir répondre à ces défis par la formation continue et l’ancrage territorial. « Hier on était à Saly pour renforcer la capacité des journalistes de la zone Ouest sur la désinformation. Et c’est ainsi qu’on parcourra le Sénégal pour accompagner ceux qui ont choisi ce métier par passion », a affirmé Mamadou Diagne, insistant sur le rôle des journalistes dans l’accès du public à une information fiable, malgré la crise.
La rencontre du jour s’articule autour de deux panels majeurs. Le premier pose une question centrale : « Comment garantir l’indépendance des médias dans un contexte de crise économique ? » Le second met l’accent sur la présence féminine dans le secteur : « Femmes et médias : leadership, défis et partage d’expériences », une thématique que la CJRS juge indispensable à aborder, tant les obstacles persistent dans les rédactions et les instances de décision.
Mamadou Diagne a invité les participants à contribuer activement afin d’enrichir les échanges. Il a enfin salué l’appui de la Fondation Konrad Adenauer, « dont la collaboration permet de mener des initiatives essentielles au bénéfice de la profession ».
Cette rencontre ambitionne de tracer des pistes concrètes pour un journalisme plus fort, plus indépendant et pleinement engagé dans la défense de la liberté d’informer, pilier d’un État de droit solide.
