Dakar, 25 juin (SL-INFO) – Trois hommes accusés d’être des espions pour le compte d’Israël ont été pendus mercredi en Iran, au lendemain de l’entrée en vigueur d’une fragile trêve entre la République islamique et Israël, après une guerre de douze jours.
Idris Ali, Rasoul Ahmad Rasoul et Azad Shojai ont été exécutés à Ourmia (nord-ouest), accusés de « coopération en faveur du régime sioniste », a annoncé le pouvoir judiciaire, qui a diffusé des photos des trois hommes portant l’uniforme bleu des prisonniers.
Ces pendaisons portent à six le nombre d’exécutions de condamnés pour ces chefs d’accusation depuis le 13 juin, date des premières frappes israéliennes en Iran.
Des défenseurs des droits humains ont dénoncé des exécutions arbitraires et des procès expéditifs, tenus dans un contexte de guerre.
« La République islamique a condamné à mort Idris Ali, Rasoul Ahmad Rasoul et Azad Shojai sans qu’ils aient eu un procès équitable et en se basant sur des aveux obtenus sous la torture », a déclaré à l’AFP Mahmoud Amiry-Moghaddam, directeur de l’ONG Iran Human Rights, basée en Norvège.
Ils avaient été condamnés à mort en 2024.
Deux d’entre eux, Ali et Shojai, membres de la minorité kurde en Iran, étaient des gardes-frontières, a précisé Mahmoud Amiry-Moghaddam. « Ils ont été arrêtés pour avoir fait entrer en Iran des boissons alcoolisées mais ont été obligés d’avouer avoir espionné pour Israël », a-t-il ajouté.
Le troisième était également Kurde, mais de nationalité irakienne.
L’Iran annonce régulièrement l’arrestation et l’exécution d’agents supposés travailler pour les services de renseignement de pays étrangers, notamment d’Israël.
Le pouvoir iranien avait promis dimanche d’accélérer les procès après l’offensive déclenchée le 13 juin par Israël, manifestement alimentée par des données de renseignement très précises.
– « Risque imminent » –
Selon M. Amiry-Moghaddam, des « centaines » de prisonniers risquent d’être exécutés dans les semaines à venir.
« Après le cessez-le-feu avec Israël, la République islamique a besoin de répression pour masquer son échec militaire, empêcher des mouvements de protestation et assurer sa survie », selon lui.
Ces exécutions accroissent aussi les craintes pour la vie du Suédo-iranien Ahmadreza Djalali, dans le couloir de la mort depuis près de 8 ans et lui aussi accusé d’espionnage pour le compte d’Israël.
Arrêté en 2016, M. Djalali a été condamné à mort l’année suivante pour espionnage, au terme d’un procès dénoncé par Amnesty international comme « manifestement arbitraire » et après des « confessions extorquées sous la torture ».
L’universitaire, qui était incarcéré à la prison d’Evine de Téhéran, cible de frappes israéliennes lundi, a été transféré dans un lieu inconnu, augmentant les craintes d’une exécution imminente, selon sa famille et la diplomatie suédoise.
« Il m’a appelé et m’a dit: +Ils vont me transférer+. J’ai demandé où et il a dit: +Je ne sais pas+ », avait raconté lundi son épouse Vida Mehrannia à l’AFP: « Est-ce parce qu’ils veulent exécuter la peine ? Ou pour une autre raison ? Je ne sais pas ».
« Je suis très inquiète car depuis la semaine dernière, ils (les autorités iraniennes, ndlr) ont exécuté plusieurs personnes », avait ajouté Mme Mehrannia.
Le ministre des Affaires étrangères suédois a confirmé dans un communiqué avoir « reçu des informations selon lesquelles le citoyen suédois Ahmadreza Djalali, condamné à mort en Iran, a été enlevé de sa cellule dans un lieu inconnu pour une raison inconnue ».
– « Boucs émissaires » –
Les organisations de défense des droits humains dénoncent régulièrement les procès expéditifs pour espionnage en Iran et l’accusation de « corruption sur terre », passible de la peine capitale, souvent reprochée aux prévenus.
Des sources de renseignements occidentaux et des chercheurs reconnaissent que les services secrets israéliens ont profondément infiltré l’Iran depuis des années, comme le montrent les exécutions ciblées de hauts dirigeants militaires pendant le conflit. Mais pour les ONG, les personnes exécutées pour espionnage ne sont que des boucs émissaires.
Selon ces organisations, des dizaines de personnes ont été arrêtées en Iran depuis le 13 juin.
Selon IHR, l’Iran a exécuté 594 prisonniers, pour diverses accusations, depuis le début de l’année.
