Saint-Louis, 14 nov (SL-INFO) – « Ku yagg ci teen bag fekk la fa » – Ma première visite au Sénégal en 2020 m’a donné l’envie d’y vivre. Ce séjour en famille à Dakar, au Sine Saloum et en Casamance m’a fait tomber sous le charme du pays, de ses traditions, la diversité de ses peuples, l’énergie de sa jeunesse et surtout de la Teranga, cette hospitalité sereine et chaleureuse. Depuis, j’ai gardé un œil attentif sur le Sénégal – et c’est avec un immense bonheur que j’entame ma mission comme ambassadrice du Royaume-Uni. Je me suis lancée au wolof, avec plus ou moins de succès ! Mon expression préférée : « Ndank ndank mooy japp golo ci ñaay ».

Mon parcours reflète une passion de longue date pour l’Afrique : études en gouvernance africaine, cinq ans comme Directrice pour le Développement au Sahel au Ministère des Affaires Étrangères britannique, trois ans en tant que cheffe de coopération adjoint au Ghana, et sept ans en République Démocratique du Congo. J’ai appris que le respect, l’écoute et le partenariat sont les ingrédients clés d’une diplomatie durable. Sept années chez PricewaterhouseCoopers m’ont montré la force des collaborations public-privé. Comme beaucoup de femmes, j’ai mené de front carrière et rôle de maman de quatre enfants, qui sont ma plus belle aventure. 

Je suis inspirée par la vitalité des liens qui unissent nos deux cultures, tissés par une diaspora dynamique (forts de plusieurs milliers maintenant), de grands artistes, et notre passion inégalée pour le football. Depuis mon arrivée, j’ai rencontré le grand Cheikh Lo, et j’ai découvert que sa maison de disque est à Londres. Mon ami Seckou Keita, quant à lui, multiplie les collaborations avec des artistes britanniques. A Londres, j’ai eu la chance de rencontrer Youssou Ndour en concert et de savourer un délicieux Thieboudienne au restaurant Le Petit Baobab. Sans parler de Nottingham, où je me suis rendue en juin pour regarder la victoire historique 3-1 des Gaindés de la Teranga contre les Three Lions de l’Angleterre – encore un symbole fort que nous avons en commun !

Nos relations diplomatiques sont anciennes – le Royaume-Uni a nommé son premier vice-consul en avril 1872 ; ma résidence officielle date de 1908 ; et l’ambassade existe depuis l’indépendance du Sénégal en 1960. Aujourd’hui, Sir Keir Starmer, notre premier ministre, s’est engagé pleinement dans un renouvellement d’approche avec les pays africains, fondé sur l’écoute et le respect. C’est précisément l’esprit dans lequel je souhaite travailler.

Je constate une relation bilatérale en plein essor. En seulement deux mois depuis mon arrivée, nous avons reçu le ministre britannique pour l’Afrique, une délégation parlementaire, et plus de 30 entreprises britanniques pour Invest in Senegal.  Ce que le Sénégal nous demande, ce sont des investissements et de l’expertise britanniques dans des domaines bien précis. J’entends répondre à cet appel avec élan et ambition, en œuvrant pour livrer trois priorités partagées:

Premièrement, la prospérité partagée. Nous inaugurons cette semaine à Lomé la première édition africaine de notre Forum WCAF sur le commerce et l’investissement avec l’Afrique francophone de l’Ouest et du Centre. Ceci alors que notre commerce a atteint des niveaux records – 1,1 milliard de livres sterling (818 milliards de FCFA), cinq fois plus qu’en 2020. Les obstacles traditionnels liés à la langue anglaise (en pleine expansion au Sénégal) ou au commerce s’estompent. Graceà notre système de préférence commercial « Developing Countries Trading Scheme » (DCTS), les produits sénégalais bénéficient d’un accès libre de droits et de quotas au marché britannique. Le Royaume-Uni est aussi un investisseur engagé et de long terme, surtout dans le secteur de l’énergie (notamment les énergies renouvelables), dans les infrastructures (comme le port de Ndayane et le Bus Rapide Transit), l’agriculture, les télécommunications et les mines. Le port de Ndayane a lui seul pourrait augmenter le PIB du Sénégal de 3% d’ici 2035 et créer jusqu’à 22 000 emplois. Notre programme Manufacturing Africa accompagne également le secteur privé sénégalais pour attirer plus d’investissement et renforcer les chaînes de valeurs locales.  

Deuxièmement, la sécurité mutuelle. Nous collaborons avec le Sénégal sur le crime organisé, la pêche illégale et le trafic de drogue. Nous avons en commun d’être des nations maritimes. Nos marines, qui sont pour nos deux pays une fierté nationale, collaborent étroitement. Nous formons également les forces spéciales sénégalaises, tout en favorisant l’apprentissage de l’anglais et les échanges entre académies militaires. En décembre 2023, nous avons signé notre premier traité de coopération en matière de défense, un jalon important dans notre partenariat.

Troisièmement, le développement durable. Nous passons d’une logique d’aide traditionnelle à des partenariats mutuellement bénéfiques, basés sur un échange d’expertise et qui répondent aux demandes de nos hôtes. Deux exemples. Le premier, un nouveau programme de 10 millions de livres (7,5 milliards de FCFA) sur quatre ans avec l’Institut Pasteur de Dakar. Il contribuera à la sécurité sanitaire mondiale en renforçant la surveillance épidémique, et en développant des diagnostics et vaccins plus efficaces pour tous. Le deuxième, le Blue Planet Fund, qui contribue à la lutte contre la pêche illégale et au renforcement de la gouvernance marine. Ce programme a octroyé dix bourses de Master en sciences marines et des équipements de laboratoires pour l’étude des microplastiques.

Ces premières semaines, j’ai pu constater les atouts du Sénégal : une jeunesse dynamique, des institutions démocratiques solides et une économie résiliente. Durant mon mandat, je souhaite aller à la rencontre des Sénégalais dans toute leur diversité – jeunes entrepreneurs, artistes, chercheurs, responsables politiques, acteurs communautaires – pour écouter, apprendre et construire ensemble.

En 1961, le président Senghor écrivait : « La culture est au commencement et à la fin du développement. » Ces mots résonnent encore aujourd’hui. Car c’est bien en valorisant nos cultures, nos talents et notre humanité commune que nous ferons grandir notre partenariat. Le Sénégal et le Royaume-Uni ont une longue histoire d’amitié. Ensemble, écrivons son prochain chapitre.

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