SAINT-LOUIS, 26 juillet (SL-INFO) – Cela fait deux ans ce samedi 26 juillet que le général Abdourahamane Tiani est aux commandes du Niger après avoir renversé le président Mohamed Bazoum. Pour célébrer ses deux ans au pouvoir, le général Tiani s’est adressé le soir du 25 juillet à ses concitoyens dans un message radiotélévisé. Comme à son habitude, il a accusé les forces néocoloniales d’entraver le développement de son pays souverain. Au Niger, ce 25 juillet, c’est dans une tenue militaire impeccable et coiffé d’un béret vert frappé de ses cinq étoiles que le général Tiani est apparu à la télévision nationale. L’homme fort du pays n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer ce qu’il a appelé les forces impérialistes qui déstabilisent son pays. Selon lui, ces forces influencent négativement le quotidien des Nigériens et empêchent le pays et sa population de réaliser les progrès accomplis par son gouvernement.

Tout en reconnaissant ses difficultés devant ce qu’il a appelé les attaques multiformes venues de l’extérieur, le général Tiani a affirmé aux Nigériens qu’il n’y a que deux choix qui s’offrent à eux pour sauver le pays des forces impérialistes : le chaos et la soumission ou le refus de la soumission, « le choix de la dignité dans l’honneur » a-t-il affirmé. Le général n’a pas fait mention des centaines de soldats et des populations civiles tués lors des dernières attaques terroristes. Il a cependant appelé les Nigériens à prier pour un Niger radieux.

Deuxième anniversaire du coup d’État
Cette allocution marquait le deuxième anniversaire du coup d’État ayant permis à Abdourahamane Tiani de prendre le pouvoir. À Niamey, le 26 juillet 2023, la garde présidentielle encerclait la résidence du chef de l’État Mohamed Bazoum. Un coup d’État des forces d’élites, une prise du pouvoir par le général Tiani, mais un refus catégorique du président Bazoum de démissionner. Et depuis deux ans, malgré des tentatives de médiation pour permettre sa libération, Mohamed Bazoum vit enfermé avec à sa femme.

Gardés 24 heures sur 24 avec interdiction de sortir, d’ouvrir les fenêtres. Le quotidien du couple Bazoum se résume à un strict isolement dans deux pièces : un salon, une chambre et un couloir pour garder une activité physique. « Mohamed et sa femme Hadiza sont en bonne santé, courageux et résistants », indique l’un de leurs proches.

Seules relations avec l’extérieur, la visite hebdomadaire du médecin du chef de l’État et la présence des deux cuisiniers qui ont refusé de partir après le coup d’État et qui préparent les repas avec la nourriture déposée, à l’entrée de la résidence présidentielle, une à deux fois chaque semaine par des membres de la famille.

Privé de radio, de téléphone, « le couple Bazoum dispose de quelques livres pour passer le temps » explique l’un des intimes politiques du président qui dénonce « l’isolement et l’enfermement d’un homme à qui l’on n’a rien à reprocher ». Une vie « austère, une lutte » évoque un autre proche qui préfère, comme tous ceux qui s’expriment, rester anonyme et qui conclut : « les convictions permettent toujours de tenir et le président Bazoum a des convictions ».

Quel bilan économique pour la junte au pouvoir ?
Deux ans après le coup d’État, le bilan économique de la junte est contrasté. Reprise en main de certains secteurs, système bancaire en mauvaise santé et forte inflation. Mais la croissance du pays est forte. Boostée par une production de pétrole en augmentation et par les bonnes récoltes agricoles, l’économie nigérienne a progressé de 8,4% l’année dernière.

Parmi les mesures phares de la junte ces deux premières années, il y a eu la remise en cause de certains contrats avec notamment la nationalisation de la filiale de la multinationale française de l’uranium Orano. 

Elle a aussi fermé la frontière avec le Bénin, principal débouché commercial du pays. Résultat : les échanges ont chuté, les prix des produits importés, notamment alimentaires, ont grimpé. L’inflation s’est accélérée, atteignant 9,1 % l’an dernier.

Le gouvernement a tenté de contenir cette hausse par des subventions sur le carburant et le ciment. Mais le taux d’extrême pauvreté a fortement augmenté, selon la Banque mondiale. Le secteur bancaire connaît également une crise des liquidités, pointe l’économiste Ibrahim Adamou Louché. Il reste très fragile, d’autant que, sous l’effet des sanctions de la Cédéao et de la baisse des dépôts, les actifs liquides ont chuté de 62 % entre juillet 2023, juste avant le coup d’État, et fin 2024.

Les prêts au secteur privé ont chuté. Cela a des conséquences directes pour la population. On observe une baisse de 60% de création d’emplois formels.

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